Douze grands clubs européens ont annoncé hier la création d’une Super League. Quels intérêts les grands clubs ont-ils à créer une telle compétition ?
Tout ce que les économistes avaient prévu est en train de s’opérer. En clair, les deux grandes bulles spéculatives qu’étaient les droits télévisés et le prix des joueurs ont explosé en même temps avec le Covid. Ces douze clubs se retrouvent aujourd’hui surendettés avec aucun autre moyen de survie que de faire, selon la grande expression du moment, un grand reset.
Tout le monde parle d’une victoire du football marketing sur le football populaire, mais vous nous dites donc qu’il s’agit plutôt d’une géante opération de sauvetage ?
C’est une opération de sauvetage. S’ils ne repartent pas d’une page blanche pour recréer une nouvelle bulle spéculative sur les droits TV, ils ne pourront pas poursuivre économiquement. Que les clubs appartiennent aux supporters (Real Madrid, FC Barcelone) ou à des actionnaires privés (Manchester, Chelsea, Milan AC, etc), tous sont financièrement dans le rouge.
Le politique mettra toujours un veto à ce type de projet, au nom de la sauvegarde de la dimension populaire du football. Or, en football, c’est le politique qui a le dernier mot
Les leviers de croissance ont été épuisés, les actionnaires sont déjà propriétaires de leurs stades, certains clubs déjà cotés en bourse, et puisque la crise a fait fondre leur valeur et exploser leur endettement, leur revente est quasiment impossible. La variable d’ajustement se situe donc dans les recettes TV. Ce projet global n’est donc ni plus ni moins qu’un projet de refinancement de la dette des clubs. D’ailleurs, la banque JP Morgan est partie prenante à l’opération. [...]
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