« Robe sur robe ne vaut ». En vertu de ce très phallocratique adage, le métier d’avocat, à la fin du XIXe siècle, restait encore fermé au sexe faible. Non que la loi de ventôse an XII, réglementant l’exercice de la profession, exclût les femmes de manière formelle. Mais la chose paraissait évidente. Aussi faudra-t-il beaucoup de courage à quelques hardies pionnières pour bousculer cette injustice. Jeanne Chauvin, née à Jargeau, dans le Loiret, en 1862, appartient à cette indomptable cohorte.
Fille d’un notaire de province, elle décroche haut la main deux baccalauréats (lettres et sciences), deux licences (philosophie et droit), et finalement son doctorat en droit, à Paris en 1892. Sa thèse porte sur l’« Étude historique des professions accessibles aux femmes », et elle est la première Française à obtenir ce grade prestigieux. Sa soutenance a d’ailleurs donné lieu à un chahut estudiantin, la salle étant trop petite pour accueillir la foule des curieux ! Jeanne Chauvin se consacrera ensuite à l’éducation, en qualité de conférencière de droit usuel dans des lycées de jeunes filles. Parallèlement, elle mène le combat féministe, dans le cadre de l’association Avant-Courrière, de Jeanne Schmahl. Elle y réclame le droit pour les femmes d’être reconnues témoins valides d’actes publics et privés, ainsi que la libre disposition du produit de leur travail. [...]
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