Benoît Aguelon n’est pas un tailleur comme les autres ! Si beaucoup imaginent ces vénérables artisans du tissu comme les héritiers de maisons installées, dont le savoir se passe de père en fils, ce n’est pas le cas de cet électron libre de l’élégance. Rien ne le prédestinait à habiller les gentlemen : consultant à La Défense après avoir, comme il nous le raconte dans son atelier, « collectionné les diplômes pendant plusieurs années », il y mène un métier qui nourrit son homme, mais qui broie son âme, à l’en croire (et l’on n’a que peu de mal à l’imaginer).
Est-ce pour cela qu’il a choisi d’installer sa maison Blaise de Sébaste à Neuilly, avec vue imprenable sur les menaçantes tours de la défense, haut lieu du tertiaire et de l’impalpable ? Assurément. « Je les ai tous les jours sous les yeux, cela me rappelle que je ne veux jamais y retourner. Quand mon premier enfant est né, je me suis dit qu’il fallait que je choisisse autre chose. Et comme je ne suis absolument pas doué de mes mains, j’ai choisi de devenir tailleur », s’esclaffe ce gaucher pourtant peu gauche. Un défi à relever, qu’il relèvera, malgré les bâtons dans les roues que lui ont mis certains artisans, peut-être trop conservateurs. En effet, la corporation des tailleurs, qui a perdu la mainmise qu’elle avait sur le métier en laissant la grande distribution s’attribuer des termes qui lui étaient propres, s’arc-boute désormais sur les quelques prérogatives qu’il lui reste et voit parfois d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux venus. [...]
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