À la recherche d’un ennemi commun, acceptable par tous, pour ressouder une Union européenne en perdition après le Brexit et la crise sanitaire, les dirigeants de l’UE ont choisi d’imposer le respect de la pureté idéologique du nouvel ordre moral à l’un des pays membres de l’Union, la Hongrie. La cause du procès importe peu – il s’agit en l’occurrence d’une loi conservatrice de protection de la jeunesse dont on serait en droit de discuter la pertinence de tel ou tel aspect mais qui en soi n’est pas attentatoire à la dignité de la personne humaine et dont l’objet relève du libre exercice de la souveraineté nationale de ce pays. Il y a chez les Hongrois une volonté explicite de poser des limites raisonnables à la toute-puissance de l’individualisme consumériste contemporain.
Il faut s’être rendu dans les pays d’Europe centrale et orientale, avoir discuté avec des intellectuels et des personnalités politiques issues de ces États pour comprendre qu’une différence profonde de mentalité existe entre eux et les pays fondateurs de l’Union européenne. La matrice totalitaire à l’œuvre dans ces pays entre en 1945 et 1990 a produit une autre vision du monde que la nôtre. La libéralisation rapide et radicale des années 1990, loin de rapprocher ces États de notre mentalité, a produit une réaction conservatrice somme toute assez saine et naturelle.
Il y a chez les Hongrois une volonté explicite de poser des limites raisonnables à la toute-puissance de l’individualisme consumériste contemporain
Il suffit de passer quelques jours à Budapest et alentours pour comprendre que la Hongrie est un pays blessé depuis 1918 et son dépeçage, nostalgique à juste titre de sa grandeur passée. Son nationalisme est tempéré et exempt de tout militarisme. Elle abrite aujourd’hui la plus importante communauté juive d’Europe centrale et orientale. Elle entretient d’excellentes relations bilatérales avec la Serbie, la Pologne, Israël et la Russie. Il y a chez ses dirigeants une volonté d’expliciter aux médias étrangers les fondements du conservatisme hongrois contemporain. Elle rencontre peu d’échos chez nous[...]
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