« Le 11 septembre a été l’actualisation d’une schize – sans doute terminale – dans l’histoire humaine. Voici la première guerre mondiale CIVILE. Des appareils civils frappent des tours civiles, des civils détournent des avions remplis de civils pour accomplir leur “mission” purement “symbolique”. C’est l’évacuation du militaire hors de la sphère de la guerre, c’est non pas le choc des civilisations, mais leur disjonction absolue, car “synthétique”, “globale” », écrivait Maurice Dantec.
Un choc. Un cataclysme. Un retour de l’Histoire avec une majuscule. La chute du bloc soviétique annonçait alors une Pax Americana pour mille ans. L’Europe entérinait la paix, s’abandonnant au marché unique et à l’euro qui devait entrer en vigueur l’année suivante. Personne ne parlait du problème de l’islam, hors les cercles informés de géopolitique. Il y avait bien eu quelques soubresauts, notamment en France du fait de la guerre civile algérienne, mais ce sujet ne semblait pas majeur pour le grand public. Bien que placé sur la liste des dix criminels les plus recherchés par le FBI, après des attentats perpétrés contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie, Oussama Ben Laden était peu connu. Il n’était pas encore l’ennemi public numéro un, le diable du monde libre.
L'effondrement des deux tours est pour le moment l'image la plus marquante du siècle et le point de départ du grand conflit opposant les vieilles puissances occidentales aux anciens peuples colonisés.
Entre 1993 et 1998, Oussama Ben Laden fut un djihadiste errant. Interdit de séjour dans son Arabie saoudite natale, pays dont la population le considérait comme un véritable héros, il aida les moudjahidines bosniaques et fut soupçonné d’avoir été derrière le premier attentat contre le World Trade Center qui fit six morts. L’homme était même estimé pour son historique combat antisoviétique par les Américains qui aidèrent longtemps les Talibans dans les années 1980. Al-Qaïda ne représentait pas une source d’inquiétude durant cette période où l’Occident crut pouvoir manipuler des combattants salafistes à la détermination sans faille, qui haïssaient en réalité avec la même intensité les deux principaux belligérants de la Guerre froide. [...]
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