Le quarantième anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France est l’occasion pour la caste dirigeante de s’auto-congratuler, de se rengorger devant le miroir de ses « valeurs » et de se trouver merveilleusement « humaniste » et « courageuse ». Ah, quel moment agréable et quel dommage qu’on ne puisse pas célébrer ce genre d’anniversaire plusieurs fois par an !
Le mot caste est ici parfaitement approprié, car ce qui rend la position abolitionniste si agréable, c’est qu’elle s’accompagne d’un intense sentiment de supériorité morale sur la stupide populace qui reste, elle, en dépit de toutes leçons qu’on lui prodigue, globalement favorable à la peine capitale. Quelle meilleure preuve du fait que le peuple a besoin d’être conduit par une élite éclairée, et n’ayant pas de comptes à lui rendre, que l’attachement obstiné de celui-ci à la peine de mort ? Et qu’il est donc plaisant de se souvenir qu’on a contrarié le Français moyen en n’exécutant plus les assassins !
Rousseau disait des « esprits forts » de son époque que, dans bien des cas, il aurait suffi de les reléguer parmi les athées pour les ramener au pied des autels. De même pourrait-on dire de bien des plus fervents avocats de l’abolition qu’il suffirait de les reléguer parmi un peuple abolitionniste pour les ramener au pied de la guillotine, tant est transparent l’orgueil de classe qui est au fond de leur position.
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Je n’ignore pas que l’opposition à la peine de mort est parfois motivée par des motifs honorables – bien qu’à mon avis erronés – comme une préoccupation sincère pour la question de l’erreur judiciaire, ou par une sensibilité trop tendre pour contempler en face l’idée du châtiment suprême, mais tel n’est pas le cas de la caste abolitionniste, à commencer par leur pape incontesté, Robert Badinter. [...]
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