Gastro-entérologue à Cucq (Pas-de-Calais), Antoine Choteau est aussi atteint d’un trouble de la personnalité : le syndrome de Gilles de la Twittosphère. Faisant fi de toute distance critique, il insulte compulsivement les adversaires politiques de sa belle-famille sur les réseaux sociaux, leur souhaitant même la mort. Il a ainsi commenté un tweet du compte officiel d’Eric Zemmour, dans lequel ce dernier est pris en photo en compagnie de Philippe de Villiers avec lequel il s’apprêtait alors à se diriger vers l’Arménie. « Reste plus qu’à espérer un crash… », dit monsieur Choteau en verve.
Les médecins sont connus pour leur franc-parler, hérité de l’esprit carabin, mais tous ne sont pas liés familialement au personnage le plus puissant de l’Etat français. D’ailleurs, Antoine Choteau n’en était pas à son coup d’essai, se montrant souvent à son désavantage sur Twitter et Facebook, espaces où il use et abuse de sa « liberté d’expression » pour diffamer bien plus que pour échanger ou développer des idées – il semble ne pas vraiment en avoir -. Dans le cadre des élections municipales du Touquet, il avait écrit sur Facebook à propos de Daniel Fasquelle (LR) et de ses colistiers qu’ils étaient « Des pigeons … et un connard … ».
Des propos qui en disent long sur ce que doit penser Emmanuel Macron dans le secret de sa maison de plage du Touquet, lorsque l’été venu, il se repose auprès des siens autour d’une grillade de poissons et de quelques bouteilles de rosé
Qu’un gendre soit aussi un beauf ne devrait pas nous surprendre, bien qu’on ait pu se plaire à imaginer la bourgeoise famille recomposée Trogneux plus élégante, discrète et cultivée. Typique du demi-habile que les réseaux sociaux libèrent, Antoine Choteau a un je ne sais quoi propre à cette génération intermédiaire coincée entre les boomers et les millenials, cette envie d’humanisme venue d’une enfance à collecter des sacs de riz pour la Somalie entre deux chansons de France Gall et de U2. Il a, par exemple, tancé Caroline Fourest qui relayait une étude sur l’opinion des jeunes Français de confession musulmane : « Vous trouvez vraiment utile de relayer ce genre d’informations ? Les musulmans sont suffisamment stigmatisés vous ne croyez pas ? Continuez de mettre de l’huile sur le feu les journalistes et bientôt un petit Adolphe Z risque de vous museler pour de bon, est-ce cela que vous cherchez ? »
Des propos qui en disent long sur ce que doit penser Emmanuel Macron dans le secret de sa maison de plage du Touquet, lorsque l’été venu, il se repose auprès des siens autour d’une grillade de poissons et de quelques bouteilles de rosé. Les bons bourgeois de province doivent bien rire en pensant à ces gros cons de droite, ou, parfois, s’émouvoir des déclarations terribles et effrayantes de Marine Le Pen et Eric Zemmour, têtes de gondole françaises des populistes du monde entier qui menacent leur petit pré-carré. On comprend d’ailleurs mieux pourquoi Emmanuel Macron se laissait conseiller sa politique de la ville par Yassine Bellatar…
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Toujours est-il que trop c’était trop et que même Emmanuel Macron ne pouvait soutenir longtemps un genre capable de souhaiter la mort de ses opposants politiques. Nous vivons tout de même en « démocratie ». Antoine Choteau, probablement tancé par beau-papa, s’est donc confondu en excuses après avoir supprimé ses différents comptes sociaux : « Comme le veut la formule consacrée ici mes tweets n’engagent que moi. Pour autant mon humour était déplacé, j’en suis désolé. Je ne souhaite évidemment la mort de personne ».
On est en droit de se poser des questions sur sa future carrière dans le stand-up. En revanche, un duo comique avec son épouse, dirigeante d’une école privée pour adolescents dont les parents sont prêts à payer l’année scolaire à 10.000 euros, aurait de l’allure. Car, comble de l’ironie, Tiphaine Auzière Trogneux relayait sur son compte Twitter quelques jours auparavant, un article de BFM Business dans lequel elle posait une question fondamentale de notre temps : « La mention « Mes tweets n’engagent que moi » n’engage-t-elle que vous ? « À partir du moment où les propos font l’objet d’un abus de la liberté d’expression, vous pouvez être sanctionné » ».