« On ne négocie qu’entre seigneurs, jamais avec un vassal ». Cette phrase prononcée par Éric Zemmour lors de son « meeting de la paix » à Chambéry, au lendemain du déclenchement des opérations militaires russes en Ukraine, est si symptomatique de la fascination viriliste entretenue pour Vladimir Poutine par une partie de la droite française qu’elle pourra lui servir d’épitaphe politique.
Il n’y a pas, c’est entendu, qu’une poutinolâtrie de droite en France. Celle de gauche se porte assez bien aussi, mais venant du camarade Mélenchon, ancien admirateur d’Hugo Chavez, qui nous vantait les mérites de Sputnik et d’un mystérieux vaccin cubain, au plus fort de la pandémie de coronavirus, elle surprend moins. Au sein de la droite supposément « nationale » ou « patriote », le fan-club de Vladimir a des raisons moins programmatiques pour serrer les rangs et les fesses de façon aussi tenace. Une vision désespérément romantique de l’histoire pour certains, et dans d’autres cas, un intéressement direct (moins avouable et plus rare on l’espère) qui aura tendance à s’amenuiser à mesure que les finances russes vont se tarir.
Lire aussi : De la permanence de l’Histoire
Mais l’argumentaire principal des poutinolâtres « pragmatiques », à savoir le réalisme politique, ne tient pas deux secondes en revanche. Il n’y a rien de pragmatique, ni de réaliste, ni de lucide dans la position défendue par celles et ceux qui prétendent encore aujourd’hui trouver des excuses à Vladimir Poutine et appellent, la main sur le cœur, à négocier dès que possible avec le maître du Kremlin.
On leur rappellera tout d’abord que négocier, c’est bien ce que tout le monde a tenté de faire depuis le début de cette crise. Les mêmes qui appellent aujourd’hui à conclure au plus vite la paix avec le président russe reprochaient encore il y a quelques jours à Emmanuel Macron d’avoir passé trop de temps à négocier avec l’autocrate de Moscou. Zemmour et Mélenchon ont même eu le culot de prétendre que s’ils s’étaient trompés en annonçant qu’il n’y aurait jamais d’invasion de l’Ukraine par la Russie, c’est parce que le gouvernement français leur avait laissé croire que tout allait s’arranger.
On joue à guichets fermés au bal des faux culs et la plus belle danse nous a sans doute été offerte par Éric Zemmour qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de proposer la médiation de Nicolas Sarkozy et Hubert Védrine pour aller jouer les pèlerins de la paix à Moscou. Valérie Pécresse, plus sectaire, s’est contentée de proposer le nom de Sarkozy, voyant sans doute là l’occasion d’aller quémander auprès du père spirituel de la droite branquignole de bien vouloir enfin adouber sa campagne ratée. Védrine a clos le débat en qualifiant l’initiative de « débile », et on ne saurait mieux conclure. [...]
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !