Et Aymeric Caron devint président ! Nul ne l’aurait prédit, ni les sempiternels débablateurs TV ni même les sondages, ces mirages, mais Caron trônait, se présentant comme le sauveur de toutes les espèces, le président de « tous les vivants ». Par un concours de circonstances, une primaire avait eu lieu dans le camp socialiste qui vit s’affronter une flopée de candidats tous plus déterminés les uns que les autres à s’imposer à la tête du parti unique de Gauche dont les lignes de force se composaient de l’alliance écolo-sociétale ainsi que de quelques mesures strictement sociales, que les militants les plus zélés toléraient comme les vieilles lubies d’une ancienne Gauche boomeuse, d’arrière-garde, trop patriarcale pour se réclamer d’elle.
Le débat du premier tour avait mis en lumière l’insuffisance de la majorité des aspirants présidents : Taubira, Rousseau, Montebourg, Hidalgo et consorts firent pâle figure, si bien que seuls Mélenchon et Caron sortaient du lot. Aussi, ce ne fut pas un hasard de les voir s’affronter dans un virulent second tour. Caron, fort de son expérience de sniper chez Ruquier, de la foi aveugle et catégorique dans ses combats, de sa longue chevelure et de sa vague allure de mousquetaire, était comme enrobé d’une aura de leader charismatique à la Che Guevara. On le surnommait Che Guevegan. Certains le prenaient même pour une sorte de nouveau saint François d’Assise, depuis qu’il avait fait part de ses états d’âme chez Pascal Praud, confessant que l’hypothétique et malencontreux écrasement d’une fourmi pourrait, selon ses dires, le précipiter dans une crise de remords dont il ne se remettrait peut-être pas.
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Mélenchon, comme on sait, était fort de son charisme habituel, de son expérience et de sa vaste culture, ce qui lui donnait une image paternaliste bienveillante, contrastant avec celle de son rival. Mais le débat tourna court. Au bout d’un quart d’heure, Mélenchon s’étouffa et mourut sur scène. L’autopsie révéla qu’il s’agissait d’un bout de gigot qui lui était resté coincé dans le gosier. Aymeric fut déclaré vainqueur par forfait. Devenant le leader incontesté de la gauche, il sut se servir habilement du « Drame Mélenchon » pour diaboliser et insister sur les dangers, l’immoralisme et le karma qui attendaient les mangeurs de viande, si bien qu’il imposa l’interdiction catégorique d’en déguster, idem des œufs et autres mets issus de la souffrance animale. Enfin, il déclara que les animaux devenaient juridiquement nos égaux. [...]
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