Il n’est plus un jour sans son nouveau sondage, sa récente enquête d’opinion, son dernier rolling, autant d’instruments qui deviennent bien vite le socle de toutes les discussions médiatiques – dont on se demande comment elles rempliraient le temps d’antenne s’ils n’existaient pas – et qui se chassent l’un l’autre dans un ballet incessant, renvoyant aux abysses les milliers d’euros dépensés, les opinions sondées, les commentaires les plus sophistiqués du sondage précédent.
Les sondages ont pris une place complètement démesurée en cette campagne présidentielle. Sur le plan quantitatif tout d’abord : durant les trois semaines qui séparent l’annonce des candidatures par le Conseil constitutionnel et le début officiel de la campagne, 43 sondages ont été publiés en 2022 (7 mars-27 mars), contre 26 en 2017 (20 mars-9 avril) et 17 en 2012 (19 mars-8 avril). Soit deux sondages par jour (sans compter la tonne de sondages thématiques), réalisés par pas moins de huit instituts différents !
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Sur le plan qualitatif ensuite. De l’avis général, nous assistons à une campagne présidentielle particulièrement médiocre, et les causes sont multiples. Le niveau très faible des candidats y est pour beaucoup, ceux-ci déclinant les mesures comme on fait une liste de course plutôt que de présenter une vision au long cours du pays. La séquence Covid, volontairement allongée par Emmanuel Macron pour enjamber l’élection, puis la guerre en Ukraine ont longtemps occulté le débat présidentiel – et non pas les « questions importantes » comme certains se plaisent à le dire, car il est fort légitime qu’une épidémie qui fauche nos aînés ou le spectre d’une guerre atomique nous effraient. [...]
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