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Après les Gilets jaunes, les blouses blanches ? 

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14 février 2023

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Les médecins n’ont plus rien à perdre. Dans ce bras de fer inédit, le ministre de la Santé serait bien inspiré de prendre la température de la fronde qui monte chez les hommes en blanc, s’il veut y survivre.
médecins

La grande famille des médecins de ville gronde et s’organise avec une nouvelle marche unitaire programmée à la fin du mois de février, rejointe cette fois par les médecins et soignants hospitaliers… Humiliés par le président de la République qui les a ignorés lors de ses vœux, les syndicats sont vent debout contre la mise en coupe réglée de la médecine libérale. 

La guerre est déclarée 

Cette fois, la guerre est déclarée. Jamais encore, des médecins à peine diplômés n’étaient descendus dans la rue pour crier leur colère et réclamer un Grenelle de la Santé. « En 18 ans d’exercice, je n’avais jamais manifesté, mais j’irai jusqu’au bout ! », s’exclame le Dr Yann Brun, généraliste alsacien. Quand ils ne brandissent pas des banderoles « Médecins pas larbins » et un hygiaphone, ces médecins de famille, à bout pour la plupart, se disent décidés à abattre la citadelle de la Sécurité sociale, avec les 12 000 retraités actifs qui pourraient décider de tout arrêter pour faire pression sur le gouvernement. « Si je m’arrête, martèle Jean-Paul Hamon, président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), je laisse 2 500 patients sur le carreau ». 

Lire aussi : Urgence : pourquoi l’hôpital crève ?

Gilets jaunes, blouses blanches même combat ? La tentation est grande d’espérer un durcissement de la lutte pour capter l’attention des médias avec le renfort des hospitaliers. « Le seul point commun avec les Gilets jaunes, nuance le Dr A. Chiche, anesthésiste-réanimateur, fondateur du collectif « Santé en danger », est que nous sommes des travailleurs. Les médecins sont des experts dans leur métier et les seuls à pouvoir réparer les dégâts de nos gouvernements depuis 20 ans ». Comme pour les retraites, la belle unité syndicale des médecins et des soignants en dit long sur la force du mouvement, puisque MG France, la seule organisation à raser les murs [et à avoir refusé de nous répondre, tout comme les ARS, Ndlr] dénonce à son tour l’ubérisation de la médecine. En attendant, le ministère a fait l’unanimité contre lui avec ces cabines de téléconsultation en self-service dans les supermarchés et surtout la formation d’infirmiers-médecins low cost pour délester les libéraux. 

« Nous avons organisé un déconventionnement collectif : 15 000 praticiens sont prêts à partir. C’est la munition ultime, notre bombe nucléaire » 

Jérôme marty 

Convergence des luttes ? 

« Ce mois-ci, on se bat contre le projet de loi Rist 2, prévient Sylvain Gonzalez, médecin du Collectif « Médecins pour demain », qui permettrait dans le cadre de la délégation de soins d’ouvrir la voie de “l’accès direct” autorisant une infirmière de pratique avancée (IPA), un kiné ou un orthophoniste à recevoir directement un patient sans passer par le médecin ! » Plus grave, selon lui, il donnerait un droit de primo-prescription à ces docteurs « au rabais », censés désengorger le travail des médecins. « Notre ministre François Braun est urgentiste. Il a fait carrière à l’hôpital et n’a jamais mis les pieds dans un cabinet de ville. Véran est un spécialiste. Ils n’ont aucune idée de ce que nous faisons ». Ces infirmiers anoblis pourraient poser un diagnostic et suivre des patients souffrant de « pathologies identifiées comme bénignes » dit le texte de loi. « Ce n’est pas un acte infirmier, même après deux ans de formation complémentaire. Ils n’ont pas tout le bagage pour prendre le recul nécessaire et savoir ce qui est grave et ce qui ne l’est pas ». De son côté, Jérôme Marty, président de l’Union des médecins libéraux de France, choisit un angle d’attaque plus politique. Il appelle comme d’autres à la convergence des luttes entre l’hôpital et la médecine libérale qui se partagent plus de 200 000 médecins inscrits au Conseil d’Ordre. « On prépare les assises du déconventionnement en mars, avec le concours de mutuelles, des tables rondes avec des philosophes et des milliers de médecins participants pendant deux jours, explique-t-il. Le but, c’est d’aller voir nos dirigeants politiques pour leur dire : “Nous avons organisé un déconventionnement collectif : 15 000 praticiens sont prêts à partir, que proposez-vous ?” C’est la munition ultime, notre bombe nucléaire ». Souhaitons qu’elle reste une arme de dissuasion. 

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