La crise du Covid a révélé le délabrement spectaculaire de l’hôpital public français. Quels sont les choix politiques qui, selon vous, marquent les principales étapes de ce délitement ?
C’est la conséquence de décisions politiques et de lois plus ou moins inapplicables de la fin des années 1990 (Plan Juppé, création des ARS, loi des 35 heures, etc.), mais aussi un symptôme de l’affaissement de notre société, et de son secteur public dont l’hôpital et la santé sont un centre névralgique. Revenir au plan Juppé de 1996 est un repère commode et justifié, car il consacre la fin de l’insouciance. Les Français ont acté la fin de la grande croissance d’après- guerre : l’espoir de renouer avec elle prédominait jusqu’alors. L’ampleur des manifestations de l’automne 1996 illustre la « fracture sociale » évoquée par Jacques Chirac lors de la campagne de 1995 qui l’a porté à l’Élysée. Cette grande grève post- guerre froide conteste la réunification des élites bourgeoises de gauche et de droite autour du libéralisme (certes à la française puisque l’État demeure le payeur en dernier ressort).
Dès lors, l’État social français est dans une crise structurelle. Faute de sursaut, rien n’y pourra remédier. Or le sursaut n’est jamais venu pour expliquer aux Français qu’il n’y a pas de santé publique ni de système de retraite sans auto-financement, ni que la citoyenneté donne des droits mais impose des devoirs (et qu’il en va de même pour les étrangers immigrés en France). [...]
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