Depuis quelques semaines, la France se divise sur la question des retraites. La réforme présentée par le gouvernement est-elle souhaitable ?
Pierre-Romain Thionnet : Ma position est celle du Rassemblement national et celle qui a été portée par Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle : nous sommes totalement opposés à la réforme proposée par Emmanuel Macron. Nous la combattons sur différents plans. Tout d’abord sur ce qui la légitime d’après le gouvernement, c’est-à-dire que le système s’effondrerait si on ne faisait rien. Nous disons qu’il existe des leviers non utilisés par le gouvernement qui permettraient largement de combler ce déficit temporaire. Il s’agit de la démographie, de la productivité, de la création d’emplois industriels et de la lutte contre le chômage. De plus, nous y sommes opposés pour des questions d’injustice sociale car cette réforme va toucher notamment les classes populaires et moyennes mais aussi les jeunes qui s’engagent entre 18 et 20 ans sur le marché du travail. Ils vont être les premiers touchés par la hausse des deux ans supplémentaires.
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Guilhem Carayon : Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde que le RN car un déficit de 13 milliards est annoncé par le Conseil d’orientation des retraites d’ici 2030. On a une dette de 3 000 milliards, un déficit commercial de 160 milliards et un déficit de l’État de 150 milliards d’euros. Le redressement des comptes publics s’impose, au moins pour des raisons de souveraineté. Les Français ont été arrosés de chèques sans provision et c’est une bombe qui va nous exploser à la figure tôt ou tard : le relèvement d’un point des taux d’intérêt, c’est 40 milliards d’euros. Notre génération est-elle sûre d’avoir une retraite ? Je ne crois pas et c’est pour cette raison que le programme du RN est utopique et infinançable.
Sommes-nous plus fatigués que les Italiens ou les Espagnols qui prennent leur retraite à 67 ans ? Mais travailler plus nécessite une contrepartie : l’égalité hommes-femmes puisque celles-ci ont des retraites inférieures de 40 % aux hommes. Les carrières longues aussi. Ce sont nos parlementaires qui ont imposé au gouvernement un dispositif plus juste : que tous ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans puissent partir après 43 annuités. Pas une année de plus que ceux qui ont commencé plus tard à travailler, dans des métiers souvent moins pénibles. [...]
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