Ah, Kamala ! Les trois syllabes de ton nom sonnent déjà comme des horions de stupeur. On te dit presque noire, pour mieux vendre ton exotisme si soluble dans ce brouet de gènes et de mauvaise foi qu’on appelle l’Amérique… Tu es en réalité très blanche, presque livide – sûrement les compléments alimentaires douteux, les mauvaises dialyses, les traitements mortifères qu’on te fait gober en intraveineuse –, le complexe militaro-industriel n’est que très rarement un bon apothicaire. Toute blanche, comme disait Serge Lama, c’est-à-dire presque morte, métastase ultime de ce bon vieux camp démocrate qui tremble à l’idée de laisser le pouvoir aux mains d’un homme non-programmé – aussi carotène soit-il… Pauvre Kamala, te voilà donc bombardée mascotte officielle du Moloch démocrate. Un petit golem de plus façonné à la hâte dans les fèces présidentielles, une poupée vaudoue destinée à prendre les coups à la place d’Oncle Joe. Mais est-ce bien sérieux ? On voudrait presque te faire passer pour une oie blanche – si je peux me permettre… Comment, personne ne te connaissait avant cela, dit-on ? Tu étais quand même vice-présidente, faut-il le rappeler!
Qu’en as-tu fait, depuis ces quatre longues années ? À peu près rien, visiblement
Bizarrement, personne parmi les perroquets officiels ne semble trop rappeler que tu étais la deuxième personne de l’État, et que ton bilan politique fait partie des grands disparus du pays… Le sémillant vieillard que tu secondes t’avait tout de même refilé un sacré morceau : le dossier migratoire. Qu’en as-tu fait, depuis ces quatre longues années ? À peu près rien, visiblement. On murmure dans les coursives que tu aurais passé plus de temps à t’en mettre plein le pif – ça débordait des vestiaires et la Maison Blanche n’aurait jamais aussi bien porté son nom… Mais allons, le péché est véniel, le monde libre attend impatiemment que tu délivres ton pays de l’influence nocive du Grand Méchant Phallocrate. Alors voilà, le show de la Démocrature est en marche, les projecteurs sont braqués sur toi. Manque de bol, tu n’as pas eu l’envergure attendue. Face à un journaliste de Fox News, ton argumentaire s’est écroulé, on a commencé à voir les failles de ton discours, toujours changeant, et sur à peu près tous les thèmes : économie, géopolitique, énergétique… jusqu’à ce fameux « fracking » (minage de gaz de schiste) que tu définissais encore il y a peu comme une « aberration écologique » et que tu défends aujourd’hui pour séduire les oubliés de la Rust Belt. On dira ce qu’on veut de Donald Trump, lui au moins ne bouge pas d’un iota sur ses opinions…
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C’est d’ailleurs touchant de voir à quel point, faute d’arguments politiques consistants, tu t’engouffres à ton tour dans une rhétorique copiée sur ton grand adversaire, Biff Tannen Donald Trump. Pour fédérer les plus jeunes, pour t’assurer la sympathie des mâles alpha, voilà que tu te gargarises même de posséder un Glock ! À quand la vidéo au volant d’un SUV ou à dos de léopard ? On ne va pas t’en vouloir. Il faut bien que tu vendes quelque chose. Après avoir tenté de capitaliser sur tes « origines » et sur une supposée grand-mère noire que personne n’a vue à part sur quelques vagues photos – mais enfin on ne va pas non plus prendre au pied de la lettre les accusations de la folle-furieuse Candace Owens, celle qui pense que toutes les femmes de chefs d’États sont munies d’un bon vieux service trois-pièces, et qui affirme sans broncher que ta mère aurait fait partie du fameux « programme MK Ultra », cette vaste entreprise de lavage de cerveau menée par la CIA dans les années 50 et 60. MK Ultra, les pro-Trump n’ont que ce mot-là à la bouche pour justifier les errances et les absences des Démocrates. Et si les Démocrates étaient juste des pantins politiques, avant d’être des robots programmés par l’Agence ? Kamala, en fait, on en viendrait presque à te plaindre, tant tu sembles déjà consumée, dévorée par une machine que tu ne comprends pas, et qui t’a désignée arbitrairement pour devenir sa piñata officielle. Et pour endosser tous les maux d’un pays qui s’enfonce à vue d’œil dans la Civil War.