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Marche pour la vie : la rampe de lancement d’une année législative chargée

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Publié le

24 janvier 2018

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L’année 2018 s’annonce comme charnière dans la législation sur la Vie. La majorité présidentielle commence à sonder le corps électoral en prévision des nouvelles lois bioéthiques. La Marche pour la Vie lance ses troupes à l’assaut de l’opinion.

Le temps était exécrable. Il pleuvait à torrent et le vent accentuait cruellement la sensation de froid. Il n’y avait rien pour motiver parisiens et provinciaux à sortir de chez eux. Et pourtant, près de 30 000 manifestants ont marché entre la porte Dauphine et le Trocadéro.  Jeunes, joyeux, colorés, souriants et chantants, ils n’ont laissé aux médias que des images impressionnantes, malgré le froid et la pluie. Encore une fois, le poids des mots était éclairé par le choc des photos.

 

 

Pendant ce temps à Rennes, un car de manifestants était attaqué par un groupe d’antifas qui lui avait tendu une embuscade en règle. Bloqués, vitres brisées, ses occupants ont même dû relancer dehors un fumigène incandescent qui a blessé un passager et brûlé le manteau d’un autre.

 

L’autobus a été encerclé par une cinquantaine d’antifas.

 

Le début de la manifestation a également été perturbé par un raid de Femen. Seins nus comme à leur habitude, elles brandissaient des seaux en criant « don de sperme ! ». Le service d’ordre a été très professionnel et les a évacués en souplesse tout en les cachant sous des couvertures de survie, rendant les images inexploitables.

La marche s’est déroulée sans autre incident notable. L’AFP a porté un coup en-dessous de la ceinture en publiant une dépêche annonçant 1000 manifestants à 17h45 puis en actualisant ses chiffres hors-délai à 20h15.

La Marche pour la Vie se professionnalise de manière spectaculaire. Sagement mise entre parenthèses pendant les Manifs Pour Tous, elle bénéficie de cette expérience pour organiser méticuleusement son événement annuel. Emile Duport est le principal acteur de cette évolution. Désormais, slogans, pancartes, musiques, etc. sont pensés pour être les plus cohérents. Au service d’un message clair et fort. L’équilibre entre l’humour potache et la provocation destinée à faire réagir et créer un débat, est difficile à maîtriser mais est particulièrement bien tenu. Cette année le message pourrait avoir tendance à s’éparpiller (avortement, PMA, GPA, euthanasie, etc.) ; il est donc important de trouver une convergence à ces luttes. C’est dans un même esprit de respect de la vie au sens large que la trame est trouvée et l’accent est mis.

 

 

La Marche pour la Vie est plus qu’un simple événement. Elle s’adresse à deux interlocuteurs. Le premier est le corps électoral au sens large. Le but est de faire acte de présence physiquement dans la rue pour légitimer une place dans le débat public. Il s’agit de bénéficier d’une couverture médiatique l’espace d’une journée et de maximiser son impact.

Le second interlocuteur est le manifestant en lui-même. Lui faire prendre pleinement conscience des enjeux du moment et l’inviter à s’investir dans les Etats-généraux de la bioéthique. Ce dernier point est absolument stratégique. En matière législative, un groupe numériquement faible mais déterminé et formé peut aisément prendre le contrôle du débat. Réussir à canaliser l’énergie de manifestants vers les débats publics et leur faire prendre conscience de leur force. Les organisateurs exhortent les manifestants à assumer le statut de « minorité créative » théorisé par Benoît XVI et à agir en conséquence.

Dans cet esprit, l’absence de personnalités à l’exception d’une délégation PCD et deux évêques courageux est perçue par les organisateurs comme une preuve que le débat sur la question de la vie est interdit publiquement. Mis en valeur, cet aspect de la question renforce la détermination des marcheurs. Cependant cette absence provoque chez les organisateurs une amertume palpable, lorsque qu’ils portent un regard sur la March for Life à Washington cette année qui a rassemblé plusieurs centaines d’évêques et hommes politiques, Trump en tête. C’est l’une des pistes d’amélioration pour l’an prochain : internationaliser le débat et s’appuyer sur des pays en phase de réussir ce combat (à noter toutefois, la présence d’une délégation polonaise emmenée par Marek Jurek, ancien président de la Diète polonaise). La présence d’américains devrait venir court-circuiter les politiques français et leur mettre la pression. A terme, une alliance internationale pourrait proposer un agenda de la vie à l’ONU.

Enfin, on ne peut que s’étonner du communiqué hallucinant publié par Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC) qui a condamné vigoureusement « le message de culpabilisation, d’intolérance et de haine porté lors de cette marche ». Le minimum de la part des instances religieuses serait de faire le ménage au sein des associations qui se revendiquent chrétiennes.

 

 

Pourtant la haine était bel et bien absente dimanche. Le principal atout de cette marche était le type de revendications portées par les manifestants. La typologie réactionnaire était totalement évacuée. Le but n’était pas d’annuler la loi pour revenir à une société passée, mais de proposer des changements pour créer une société meilleure. Un atout qui place désormais cette cause sur de bons rails. Cette formule particulière d’agitation a montré son efficacité dans de nombreux pays. L’immense difficulté de la cause de la vie en France, était de réussir à changer son logiciel. Passer devant les tenants du jouir sans entrave et les ringardiser projet contre projet depuis un podium. Il manquait l’enthousiasme et il fallait se décomplexer. La Marche pour la vie pense printemps ; le plus dur est derrière elle.

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