[vc_row][vc_column][vc_column_text css=”.vc_custom_1521993388135{margin-right: 25px !important;margin-left: 25px !important;}”]
Alexandre Del Valle est spécialiste des questions liées au terrorisme islamiste. Fait rare, il n’hésite pas à parler librement et à décrire ce réel qui nous effraie. Auteur de nombreux ouvrages, dont Comprendre le chaos syrien : des révolutions arabes au jihad mondial (Regards d’Orient) en collaboration avec Randa Kassis, il est actuellement en pleine promotion de La Stratégie de l’Intimidation (L’Artilleur) publié le 21 mars. Durant une heure d’entretien, Alexandre Del Valle a livré un regard sans complaisance sur les problèmes que l’islam pose à nos sociétés ouvertes.
Emmanuel Macron a jugé que nous luttions contre un terrorisme « endogène ». Pourtant, tout porte à penser que ses racines sont exogènes. Qu’en pensez-vous ?
C’est évident. Je ne suis pas contre l’idée qui voudrait que le terrorisme islamiste en France soit un phénomène endogène. Mais l’explication est insuffisante. Il y a évidemment des personnalités incontrôlables et des populations que la France ne parvient pas à intégrer, qui font sécession. Si vous voulez, la menace est endogène dans la mesure où elle n’est pas toujours liée à des bases arrières à l’étranger, que tous les terroristes n’ont pas été formés au maniement des armes par des structures telles que l’État islamique ou al-Qaïda. Pour autant, il serait grandement abusif d’affirmer que la menace se bornerait à une dimension strictement endogène ; car les terroristes, y compris quand on les juge « autoradicalisés », un terme que je réprouve, ou quand ils ne sont pas soumis à des liens hiérarchiques au sein d’une organisation djihadiste, sont toujours influencés par les « cerveaux » du djihad mondialisé.
Lire aussi : Thibault de Montbrial : « on a perdu le sens de ce qui nous unit »
Aujourd’hui, on peut se radicaliser seul chez soi, mais non sans aide extérieure. Il existe des outils destinés à appuyer la diffusion de l’idéologie djihadiste, des kits, des modes d’emploi ou des protocoles conçus par les penseurs du terrorisme islamiste. Il y a un manuel idéologique, comme Le Management de la Sauvagerie d’Abu Bakr Naji, qui a appelé au djihad mondial, ou les textes d’Abou Mousab al-Souri, deux théoriciens liés à al-Qaïda. Vous avez aussi des magazines, comme celui édité en français par l’État islamique. En outre, des documents techniques circulent dans ces milieux, pour apprendre la fabrication de bombes artisanales, les méthodes pour se fondre dans la population (dans mon livre La stratégie de l’intimidation, je cite dans les annexes tous les textes sacrés islamiques relatifs à la ruse de guerre). L’ensemble forme un modus operandi prêt à l’emploi à destination des candidats au terrorisme.
J’ai peur qu’Emmanuel Macron ne nie le fait que les organisations islamistes internationales aient une influence mondiale et un réel enracinement théologique.
Les stratèges du djihadisme s’appuient par ailleurs sur les textes sacrés. De cette manière, ils sont parvenus à légitimer et à décomplexer ceux qui commettent des crimes au nom d’Allah. Imaginez qu’un homme aille poser une bombe dans une synagogue après avoir lu Mein Kampf, en se réclamant des idées d’Adolf Hilter. Dirait-on d’un tel homme qu’il se serait « autoradicalisé » ou qu’il serait un terroriste nazi ? J’ai peur qu’Emmanuel Macron ne nie le fait que les organisations islamistes internationales aient une influence mondiale et un réel enracinement théologique. Car elles sont doctrinalement très attachées par le corpus orthodoxe de l’islam sunnite qu’elles citent savamment. On ne peut pas réduire le terrorisme islamiste à ses petits soldats, si l’on veut l’appréhender correctement et lutter efficacement contre les dangers qu’il pose.
La guerre de Syrie a-t-elle été un accélérateur pour le djihadisme en Europe ? Peut-on dire qu’elle fut la guerre d’Espagne des jeunes musulmans des quartiers de l’immigration présents en Europe, notamment en France ?
C’est une question intéressante. Non, ce ne fut pas leur guerre d’Espagne, car celle-ci a attiré à elle les progressistes du monde entier, les volontaires. On se souvient notamment du parcours de l’écrivain britannique George Orwell. Pour ce qui concerne la guerre de Syrie, elle a permis à une fraction des musulmans vivant en France de donner de la cohérence à leurs aspirations à la sécession ou à la haine anti-française/anti-occidentale, préexistante ou latente, c’est-à-dire au séparatisme communautariste-islamiste, en leur permettant de répondre à l’appel lancé par l’État islamique à faire la Hijra, c’est-à-dire l’immigration sacrée pour quitter l’Etat mécréant (dar al harb, territoire de la guerre) vers un État régi par la charia et par le Califat rétabli (dar al-islam).
Lire aussi : Arnaud Beltrame et Redouane Lakmid : la France et l’anti-France
L’État islamique leur a dit : l’Hijra est possible en Syrie, ne ratez pas ce moment historique. L’idée de Califat islamique a pris de la consistance. L’utopie devenait une réalité concrète. Donc, la Syrie a été un accélérateur et un révélateur, parce que l’État islamique a convaincu ces musulmans souvent déjà en rupture dans le monde occidental qu’il n’y avait que deux solutions : soit quitter le monde mécréant en faisant son hijra, soit rester dans le dar al-Harb infidèle à condition d’y pratiquer le jihad terroriste.
Car, dans leur idéologie islamique classique et pas seulement islamiste radicale, notre monde est une terre qui ne peut être qu’en situation de guerre (Dar al Harb) avec le Dar al Islam qu’était alors l’État islamique, mythifié et incarné par le néo-Califat de l’État islamique. La revue de Daesh en français qui s’appelle justement dar al islam explique très clairement et de façon théologiquement convaincante qu’un musulman vivant sur les terres des mécréants est appelé à devenir lui-même un mécréant. De nombreux textes juridiquement incontestables décrivent cette idée d’un combat permanent entre dar al harb et dar al islam tant que le pays mécréant n’est pas converti ou transformé en dhimmi.
L’appel à la désassimilation précède l’existence de l’Etat islamique.
J’ajoute à cela une chose très importante que l’appel à la désassimilation précède l’existence de l’Etat islamique. Il est ainsi prôné de longue date d’une façon édulcorée ou habile par les Frères musulmans qui ont pignon sur rue en Occident, ou par d’autres mouvances islamistes comme le Tabligh ou les salafistes quiétistes ou encore le Milli Görüs turc. L’État islamique n’a donc fait que révéler au grand public une réalité déjà prégnante. Au fond, les combattants Daeshiens ne sont rien de moins qu’une avant-garde révolutionnaire et militarisée d’un phénomène panislamiste bien plus large. Il ne sont que la face émergée de l’iceberg ! L’islamisme forme un bloc idéologique polymorphe qui poursuit un même but global d’islamisation-soumission de la planète mais dont les branches multiples, jihadistes et « institutionnelles », divergent plus sur les moyens que sur les fins.
De ce fait, je pense que quand toute la Syrie sera reprise, la menace persistera. Elle a existé avant Daesh et avant le chaos syrien, elle sévira après, peut-être de façon encore plus massive, plus violente, et plus forte. L’idée centrale de mon livre est que plus on tue au nom de l’islam, plus puissant est le marketing djihadiste qui consiste en fait à promouvoir « l’islam pur » et son ordre totalitaire califalo-chariatique. Al Adnani, l’ex-porte-parole et cerveau de l’Etat islamique, avait bien compris et expliqué qu’il y avait une loi de la répétition et que la vraie victoire du jihadisme est de promouvoir l’idée de l’islam et de la charia. Il l’a dit clairement : « Vous n’avez rien compris si vous croyez que nous sommes vaincus parce que nous perdons notre territoire en Syrie ou ailleurs. Notre territoire c’est le Coran et la charia. Tant que ses idées progressent dans les cœurs, nous sommes vainqueurs ».
Quand toute la Syrie sera reprise, la menace persistera.
Il existe de ce point de vue une réelle forme d’efficacité et de génie de la communication islamiste : depuis les atrocités du 11 septembre, de Ben Laden à Daesh, au lieu d’une autocritique massive, les communautés musulmanes ont été gagnées par une accélération de leur processus amorcé de radicalisation, d’islamisation et de sécession. Et Erdogan est passé de l’équivalent de l’islamo-centrisme au projet de rétablir le Califat ottoman…
Il y a un portrait-robot du terroriste islamiste français. En un sens, Khaled Kelkal en est le patient zéro. Quand Gérard Collomb nous dit à propos de Redouane Ladkim, auteur de l’attentat de Trèbes, « nous l’avons suivi et nous pensions qu’il n’y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l’acte brusquement. Il était connu pour possession et deal de stupéfiants. On ne pouvait pas dire qu’il allait être un radical passant à l’acte dans les temps qui venaient » : ne prend-il pas un peu les Français pour des idiots ?
Écoutez, il n’y a que trois possibilités dans pareil cas de figure : soit on prend quelqu’un pour un idiot, soit on est soi-même idiot, soit on est ignorant. Récemment je parlais avec David Vallat, ex-terroriste islamiste de la première vague appartenant au réseau de Chasse-sur-Rhône, qui était proche de Khaled Kelkal [terroriste islamiste algérien, responsable des attentats perpétrés en France à l’été 1995, abattu par la gendarmerie en septembre 1995, ndlr]. Il est aujourd’hui repenti et engagé dans la contre-radicalisation au sein de sa courageuse organisation AIPER aux côtés de Myriam Amély Chelly.
Voici ce qu’il m’a dit en relatant sa formation terroriste en Afghanistan dans les années 1990 : « C’est une profonde ignorance de croire qu’un type qui fume du cannabis de temps en temps ne peut pas être un sincèrement un islamiste radical et un croyant désireux de gagner le paradis. Toute l’idéologie djihadiste repose sur le fait que le sacrifice suprême pour Allah – mourir en martyr – est la seule voie qui GARANTIT d’aller tout droit au paradis, peu importe ce qu’on a pu faire durant le reste de sa vie ». Et de nombreux textes de l’islam officiel, classique, vont dans ce sens.
Lire aussi : Seine Saint-Denis : la République française bafouée par les néofrançais
De fait, la tradition islamique accorde clairement des libertés supérieures aux candidats au djihad, car il s’agit d’un don de soi supérieur qui dépasse même les prières et rituels en acquisitions de « crédits spirituels ». Le « martyr » guerrier valorisé par le Coran, les hadith et la Sîrah (vie de Mahomet) est même le seul acte exceptionnel qui autorise d’enfreindre des rituels ou des comportements habituellement impératifs. L’islam est donc, sur ce point, très différent du christianisme. Un chrétien ne peut être à la fois pécheur et racheté, amour et haine à la fois, sa religion n’acceptant pas cette contradiction. Alors qu’un islamiste a le droit de pécher même de façon ultra-violente s’il meurt en martyr dans le but d’étendre le règne de l’islam. Cela prouve que c’est une religion qui est d’abord une religion politique. Qui peut aujourd’hui l’ignorer ?
Un islamiste a le droit de pécher même de façon ultra-violente s’il meurt en martyr dans le but d’étendre le règne de l’islam.
Depuis les années 1990, on sait que certains terroristes peuvent être aussi des voyous, des braqueurs de banque ou des trafiquants. Il est inexcusable de ne pas le savoir et de croire que cela « prouverait » qu’ils ne sont pas musulmans. Même la grande université Al-Azhar du Caire, la plus haute autorité sunnite, refuse de les qualifier de non-musulmans. Des gens fort paradoxaux existent donc dans la mouvance islamiste. Mais une personne prête à donner sa vie pour son dieu est une personne profondément religieuse, qui ne fait pas semblant, car le don de sa vie n’est pas rien. Certains assument même leurs paradoxes, parce qu’ils ont la certitude d’être « purifiés » grâce à un sacrifice qui vaut absolution de tous les mauvais comportements passés. David Vallat l’a su dès son adhésion à la mouvance islamiste pro-GIA et pro-bosniaque, on le lui a expliqué. Cette contradiction apparente fait partie du « package ».
Que pensez-vous des mesures contenues dans le projet de loi anti-terrorisme d’Emmanuel Macron ? Nécessaires ? Suffisantes ? Je pense notamment aux visites domiciliaires remplaçant les perquisitions, aux assignations à résidence élargies ou aux facilités pour fermer les lieux de culte.
Ces mesures vont dans le bon sens, oui. Cela dit, la loi est largement insuffisante. Le premier acte, si l’on voulait vraiment éradiquer le phénomène de la radicalisation aujourd’hui, serait d’assécher les sources doctrinales, en fermant les centres islamiques et les mosquées de la haine, mais aussi en ôtant toute légitimité aux sources islamiques qui glorifient l’usage de la violence. Il faudrait notamment retirer certains livres de la vente. Les ouvrages d’Aboubaker Djaber el Djazaïri sont vendus à la Fnac ! C’est un homme qui écrit, dans des livres traduits en français, que l’homme musulman a le devoir de tout faire pour s’armer et tuer des mécréants ! Avant de mourir, il a donné des dizaines de conférences dans l’hexagone. Il faut aussi travailler en ligne et sur les réseaux sociaux, où le gouvernement fait la chasse aux fachos et où les musulmans les plus extrémistes ou l’extrême-gauche peuvent tranquillement répandre leurs messages les plus morbides et anti-occidentaux. Songez que Youssef Al-Qardaoui a formé des imams à Château-Chinon tous les étés pendant trente ans. Son livre, qui appelle à tuer les apostats, les blasphémateurs et à frapper sa femme, Le Licite et l’Illicite, est également en vente libre sur Amazone et à la FNAC ! Voilà où nous en sommes.
Youssef Al-Qardaoui a formé des imams à Château-Chinon tous les étés pendant trente ans.
Le second acte serait, tout simplement, que l’État reprenne en main l’école et l’éducation des jeunes dans les endroits où la République et la France sont bafoués, et où l’autorité des professeurs est écrasée par celle des caïds.
Le troisième acte consisterait à s’occuper plus correctement du problème des prisons. Il faut doubler le nombre de prisons pour en finir avec la surpopulation carcérale. Les prisonniers sont détenus dans des conditions inhumaines qui, par ailleurs, favorisent les pires dérives. Le fait de mélanger des profils de prisonniers très différents fait que les prédicateurs peuvent massivement islamiser, convertir et reconvertir. Les prisons sont des incubateurs de l’islamisme depuis trente ans. Je me rappelle d’une note des renseignements émises dans les années 1990, que j’avais pu consulter, il y était écrit qu’un surveillant pénitentiaire s’était radicalisé, ayant même pris un congé sans solde pour se rendre en Afghanistan !
Il faut doubler le nombre de prisons pour en finir avec la surpopulation carcérale.
Le quatrième acte serait d’en finir avec le laxisme judiciaire. La justice française est structurellement incapable de mettre hors d’état de nuire les gens dangereux. Regardez Jawad Bendaoud qui a été relaxé faute de preuve. Il s’est quand même vanté au procès d’être un dealer de cocaïne et de loger des clandestins ! Malheureusement, les parquets ne sont pas transversaux. Par exemple, un type jugé pour une affaire terroriste peut très bien dire qu’il a découpé une fille en morceaux pendant la plaidoirie, on ne pourra pas le retenir contre lui, car « hors sujet ». C’est pourtant en mélangeant les griefs de façon transversale que l’Amérique a fini par coincer Al Capone, pour une simple question de fisc. Il y a aussi un grave problème de laxisme des juges d’application des peines. Les meurtriers ressortent au bout de trois ou quatre ans. Ce n’est pas normal.
Lire aussi : Police, justice, prisons, que faire ?
Enfin, le cinquième acte essentiel pour juguler l’adhésion aux thèses islamistes serait de tout faire pour que ces idées ne soient plus attirantes, tant les idées djihadistes que celles de l’islamisme tout court. Ce sont des idées complotistes, séduisantes car elles donnent un sentiment de supériorité à celui qui y adhère. On peut d’ailleurs parler de suprémacisme islamique. Il y est expliqué qu’il ne faut pas vivre avec les mécréants gaulois ou juifs, maléfiques par nature, etc.
Donc, une fois que l’État aura été repris en main, il faudra opposer à la fierté suprémaciste de l’islamisme, la fierté assumée d’être français.
Je reste convaincu que le meilleur moyen de détourner une personne attirée par le séparatisme islamique est le patriotisme assimilateur. Plus une entité développe et transmet de la fierté, moins l’interlocuteur se replie sur ses propres racines d’origine. On le voit en Argentine avec les Arabes syro-libanais, qui sont totalement assimilés. Carlos Menem, ancien président, est d’origine syrienne. Parce que là-bas on intègre avec le patriotisme plutôt que la haine de soi.
La lutte contre le djihadisme passe-t-elle aussi par la lutte contre les propagandistes de l’islam rigoriste, qu’ils soient ouvertement salafistes ou abrités derrière des associations pseudo humanitaires, utilisant le registre de la victimisation, à l’image du CCIF ?
Évidemment. Il faut détruire les pôles de l’islam institutionnel qui distillent le suprémacisme, la haine ou le séparatisme islamiques. Ce sont des « coupeurs de langues » prétendument victimes, promouvant le séparatisme d’une manière insidieuse. Ils font taire ceux qui osent associer l’islamisme à la violence, hurlant au « pas d’amalgame ». Les djihadistes sont, quant à eux, des coupeurs de têtes. Ils nous intimident en tuant. Mais les islamistes « coupeurs de langues » sont complémentaires plus qu’opposés aux « coupeurs de têtes ». Les premiers aident les seconds car ils entendent interdire de remonter à la source idéologique du djihadisme, à la charia. Or on ne peut pas lutter efficacement contre le djihadisme sans déjouer les attaques culpabilisantes et liberticides des propagandistes de l’islamiquement correct.
Il faut détruire les pôles de l’islam institutionnel qui distillent le suprémacisme, la haine ou le séparatisme islamiques.
Ces derniers utilisent tous les moyens offerts par le politiquement correct en vigueur : en appliquant l’antiracisme à l’islam, en mélangeant ainsi les genres (faire passer la critique de l’islam pour une critique des musulmans), ils agissent en empêcheurs de désigner les sources. Ces coupeurs de langues islamiquement corrects sont à la fois les Frères musulmans, les lobbys wahhabites du Golfe, l’Organisation de la Coopération islamique mondiale, l’ISESCO (UNESCO de l’Islam), le « pôle turco-ottoman » porté par Erdogan, etc, pôles que j’analyse en détails dans mon ouvrage. Ces pôles très actifs et influents qui exercent des pressions sur tous les gouvernements occidentaux, les médias et les universités, ont réussi à criminaliser la critique de l’islam notamment en nouant une alliance rouge-verte avec les antiracistes de gauche, unis par un même anti-occidentalisme viscéral.
Combien de fichés S sont-ils susceptibles de passer à l’acte ? Et combien de personnes gagnées à cette idéologie ne sont pas suivies par les services de renseignement…
Les radicalisés idéologiques qui pourraient passer à l’acte violent sont entre 12000 et 20000 en France. Là, je vous parle des durs de durs, des partisans de l’Etat islamique ou d’Al-Qaïda peut être un jour prêts à mourir. Les islamistes plus habituels, ou, au moins favorables à l’idéologie islamiste globale, comprenant la charia, la supériorité de l’islam sur les autres religions et modes de vie, sont quant à eux au minimum 100.000. Mais ce chiffre peut exploser, si on ajoute à ces 100.000 individus tous les musulmans qui, lorsqu’ils sont interrogés, répondent préférer l’islam à la République. L’étude de l’Institut Montaigne, menée par un musulman, a ainsi démontré que 46 % des musulmans français sont de bons républicains, mais que 25 % sont au moins conservateurs (favorables au voile islamique et à l’essentiel de la Charia), et que 28 % d’entre eux sont entrés en sécession islamiste contre la société française. Plus de la moitié des musulmans de nationalité française se reconnaissent donc d’abord et prioritairement musulmans. Faites le calcul, il y a du monde.
Lire aussi : Exclusif : crimes et nationalités : le rapport occulté
Nous sommes donc confrontés à un véritable problème géopolitique de fracture civilisationnelle. Cela ne détruira pas la France, je ne souscris pas à cette thèse. Toutefois, une partie de la population s’inscrira de plus en plus en rupture avec la majorité de manière chronique, comme ce peut être le cas dans d’autres régions du monde (sud de la Thaïlande, Philippines, Nigéria, Liban, la Tchétchénie en Russie ou l’ouest de la Macédoine). Le politiquement correct et le padamalgamisme islamo-gauchiste agit en fin de compte, comme je l’ai dit à Edwy Plenel sur le plateau de Salut les terriens le 24 mars devant Ardisson, comme un « facilitateur d’islamisme », une forme de collaboration.
Comprenons bien en effet que cette idéologie ne s’implante que dans les endroits où elle trouve un écho, un terreau favorable. En Argentine, les musulmans ne sont pas radicalisés grâce au patriotisme argentin. Idem au Brésil, pays fier de son identité chrétienne. Le djihadisme s’épanouit en revanche sur le communautarisme, même quand il est non violent, un communautarisme fruit de la haine de soi de l’Européen culpabilisé prêt à disparaître civilisationnellement pour se faire pardonner ses « fautes » passées. Vous avez en effet des gens qui se placent volontairement dans un ghetto identitaire, car la nouvelle limite entre l’ennemi géo-civilisationnel panislamiste et nos sociétés ne se situe plus en mer méditerranée mais à l’intérieur de nos villes… Il s’agit là d’un « Limes intérieur », car il y a dans nos sociétés multiculturelles -devenues inévitablement multiconflictuelles – des extraterriorialités juridiques et civilisationnelles, ceci à l’intérieur de nos propres cités.
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]