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C’est un dilemme que me tendent mes proches. Celui de choisir l’homme, le mouvement qui incarne le mieux mes aspirations, celles d’un étudiant de 19 ans politisé baignant malgré moi dans la mondialisation. L’ascension triomphale d’Emmanuel Macron il y a un an, le rajeunissement du personnel politique et la mise en place progressive du programme de campagne devraient, si ce n’est de l’engouement, susciter en moi une approbation tacite. Face à un bipartisme en fin de cycle et une opposition incohérente, il serait logique de faire corps autour du président en vertu du rôle providentiel que lui confère la Ve République…
Malgré ces avancées, je ne suis toujours pas convaincu par Emmanuel Macron. Le mouvement qu’il a créé autour de vagues convictions libérales est responsable de la médiocrité ambiante du débat public. Médiocrité qui règne dans une Assemblée nationale dont la vitalité a été étouffée par une majorité de députés réduits au statut d’automate. Médiocrité répandue chez les militants contraints de restituer un discours progressiste stérile. Loin d’être une faiblesse, cette stérilité est une stratégie ingénieuse de Macron pour conserver le pouvoir à travers la coalition des éléments les plus indifférenciés de la gauche et de la droite acquis à la mondialisation heureuse, et persuadés que le mal réside dans le nationalisme. Ce mouvement et sa stratégie vont à l’encontre de toutes mes valeurs politiques. Un ensemble d’étapes ont participé au constat que je réalise à présent : je ne serai jamais en marche.
Il n’y a pas une culture française pour Emmanuel Macron
Beaucoup demeurent intrigués quant aux véritables intentions d’Emmanuel Macron. Cette phrase prononcée lors d’un meeting de campagne à Lyon a apportée d’après moi une réponse à toutes ces interrogations. Plus que reprendre ce dogme de la gauche libertaire réduisant notre nation en un amas multiculturel, Macron va plus loin en poursuivant : “il y a une culture en France”. Ce regard vide porté à la France de 1 500 ans qu’il conçoit entre les lignes comme un espace désincarné présage la façon dont il va la gouverner. Il n’y a quasiment aucun enjeu où je ne suis pas capable de comprendre la démarche politique de mes opposants. La décision d’Emmanuel Macron de révéler son programme seulement 7 semaines à la veille du premier tour m’a toujours interloqué. Même une fois délivré, j’étais incapable de comprendre comment certains ont pu durant des mois soutenir un candidat sans projet d’ensemble… Plus qu’un manque d’intégrité de la part de l’intéressé, j’y voyais surtout un renoncement à toute forme de réflexion critique de la part de ses sympathisants au profit d’un culte de la personnalité dont on connait les risques.
Loin de moi l’envie d’entrer dans le débat pour déterminer si Emmanuel Macron est de gauche ou de droite
Mais c’est bien le coeur de ce programme mis en oeuvre depuis près d’un an qui est problématique. Loin de moi l’envie d’entrer dans le débat pour déterminer si Emmanuel Macron est de gauche ou de droite. Force est de constater qu’il est parvenu à faire converger des éléments de chaque bord autour d’un clivage nouveau : celui de la mondialisation face à la nation. En déclarant “nos défis ne sont plus à l’échelle de nos nations” lors d’un discours à Athènes en septembre dernier, il allie brillamment les intérêts d’une droite d’argent déracinée avec les rêves d’une gauche ayant rejetée l’exception française au profit d’un idéal cosmopolite issu de Mai 68. Loin d’être une faiblesse, cet alliage est indéniablement une force gagnante : pour l’électorat parisien se retrouvant réunifié, pour le microcosme médiatique ayant adoubé son champion, pour l’hyperclasse mondialisée voyant ses intérêts préservés… Il n’y a en réalité qu’une force perdante : la France. C’est ce vers quoi mène la marche. Un de mes désaccords avec les critiques formulées à l’encontre de Macron est l’argument : “il n’a pas de projet”. Au contraire, le président de la République a un projet tout à fait rationnel : celui de dissoudre la France à moyen terme dans une Union européenne qu’il souhaite doter d’une demi-douzaine d’institutions et à long terme dans un espace mondialisé uniformisé. La disparition de nos frontières, de notre identité et de notre liberté en tant que nation au profit d’un super-État européen est l’enjeu crucial qui devrait mobiliser tous les opposants du gouvernement actuel et être agité pour convaincre les indécis.
Que l’on soit de gauche ou de droite, rejoindre En Marche implique irrémédiablement de sacrifier une partie de notre identité politique. Étant de droite, je devrais m’estimer heureux de la nomination d’un ministre de l’éducation conservateur… Mais accepter le futur projet de loi sur la PMA bouleversant le modèle de la famille nucléaire au nom d’un progressisme proclamé par une minorité. Emmanuel Macron incarne le renoncement à toute forme de conviction, le renoncement au débat passionné des deux familles politiques qui ont cimentées la politique française depuis plus de 200 ans. Il substitue à la gauche et la droite une alternative moderniste insipide dissimulant ses réelles intentions. Alternative qui, plutôt que d’éveiller en moi une soif d’engagement, ne me propose qu’un choix opportuniste : celui de bien-paraître, de prendre le train ou plutôt la marche vers un destin servile.
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