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La transgression en marche

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Publié le

1 septembre 2018

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Jacques Ellul était un visionnaire. En 1935, il faisait paraître Nous sommes des révolutionnaires malgré nous, en collaboration avec Bernard Charbonneau.

 

Celui qui était engagé dans la mouvance personnaliste connue sous le nom des non conformistes des années 30, critiquait à la fois les dérives du système capitaliste et l’impasse de la réponse marxiste. Avec beaucoup d’autres, il prônait une troisième voie qui mettrait en lumière la dimension spirituelle de la personne humaine, à l’opposé du capitalisme et du marxisme qui communient dans un même matérialisme. Avant même Bernanos (La France contre les robots, 1947) ou Thibon (Vous serez comme des dieux, 1954), il avait perçu d’emblée le pouvoir mortifère et démiurgique que s’arroge la technique lorsqu’elle prétend faire le bonheur de l’homme, quitte à le faire sortir, pour cela, de sa condition d’homme en augmentant ses capacités ou en industrialisant sa reproduction. Ce que l’on appelle aujourd’hui transhumanisme n’est que la prétention totalitaire de l’homme à vouloir s’émanciper des lois les plus élémentaires de la nature, sous l’effet d’une technique qui est devenue à elle seule sa propre justification.

 

Lire aussi : Des hommes qui s’éloignent

 

« La technique domine l’homme et toutes les réactions de l’homme. Contre elle, la politique est impuissante, l’homme ne peut gouverner parce qu’il est soumis à des forces irréelles bien que matérielles », affirmait Ellul en 1935. L’annonce d’une possible extension de la PMA à des femmes seules ou en couple homosexuel lui donne malheureusement raison. Une croyance aveugle envers le progrès nous fait désirer tout ce que la technique rend possible, en écartant tout jugement rationnel sur la condition humaine et les critères élémentaires de justice.

Le principe même de la PMA pose en soi problème, car il revient à substituer aux hasards de l’amour la fausse clarté aveuglante de la technique. Il confère un pouvoir exorbitant au technicien, qui fait surgir la vie d’une éprouvette, plutôt que de la laisser émerger dans le mystère d’une étreinte. Avec, à la clé, toutes les dérives eugénistes que l’on connaît déjà : sélection préimplantatoire des embryons, élimination systématique de ceux jugés «défaillants» (96 % des trisomiques sont ainsi tués dans le sein de leur mère), congélation de ceux qui répondent à un «projet parental» (c’est donc ce projet qui conditionne la vie entière d’êtres humains), et suppression des autres, livrés en pâture aux bons vouloirs de la recherche. Le ver était donc déjà dans le fruit depuis les lois de 1994 qui ont fait entrer la France dans l’ère de la post-sexualité.

 

La PMA confère un pouvoir exorbitant au technicien, qui fait surgir la vie d’une éprouvette, plutôt que de la laisser émerger dans le mystère d’une étreinte.

 

Ce n’est donc qu’une étape supplémentaire qui sera franchie dans la déshumanisation de l’homme si Emmanuel Macron décide, selon toute vraisemblance, d’élargir l’accès à la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes. Une humanité, qui, victime d’un féminisme devenu totalitaire, prétend vouloir éradiquer le père et faire de l’enfant un droit. L’élargissement de la PMA s’effectuera donc à la fois au détriment des pères – qui seront écartés de toute possibilité d’établissement d’une filiation à leur endroit –, et au préjudice des enfants dont certains demanderont un jour des comptes à l’État pour avoir autorisé une législation qui les prive délibérément de père.

Grand oublié de notre société, le père est symboliquement mort depuis 1793 : « En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille », affirmait Balzac. Cela s’est poursuivi, dans les années 70, à travers la déconstruction de toutes les figures d’autorité que le père était censé incarner dans la nation. C’est désormais à lui physiquement que l’on s’en prend, tel une bête féroce qui n’aurait plus sa place au XXIe siècle. C’est pourquoi, il a nous fallu mobiliser philosophes, scientifiques, juristes, hommes politiques ou militants associatifs, pour donner une image la plus fidèle qui soit du combat qui nous attend.

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