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« On a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe ou catholicophobe. En revanche, on n’a pas le droit de rejeter des hommes ou des femmes parce qu’ils sont musulmans ou catholiques ou athées. Le racisme, et ne dévions jamais de cette définition sinon nous affaiblirons la lutte antiraciste, le racisme c’est la mise en cause d’un peuple ou d’un être humain comme tel. Le racisme antimusulman est un délit. La critique de l’islam, la critique du catholicisme, la critique de l’humanisme athée n’en sont pas un ». C’est pour ces quelques mots frappés sous le coin du bon sens que le philosophe de gauche Henri Peña-Ruiz est actuellement l’objet d’insultes et de menaces.
Les militants « diversitaires », indigénistes, progressistes et autres noms qu’on donne à ces fanatiques des minorités opprimées, ont isolé une phrase de cet extrait pour condamner sans procès un penseur favorable à la laïcité. De cette intervention fouillée et simple à comprendre, l’aile Evergreen de la gauche française n’aura donc retenu que le passage voulant qu’on ait « le droit d’être islamophobe ». Un droit auquel on n’aurait pas droit selon Julien Denormandie, ministre auprès de la cohésion des territoires qui s’est mêlé d’un sujet qu’il semble ne pas totalement maîtriser.
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Car le problème est que nombre de nos concitoyens ne connaissent plus notre langue. Que signifie donc le terme islamophobie ? Une peur irrationnelle de l’islam, comme d’autres ornitophobes sont des grands traumatisés des oiseaux d’Hitchcock ou comme d’autres agoraphobes ont des frissons dans le dos à l’idée d’emprunter la ligne 13 du métro parisien à l’heure de pointe ? Peut-être que l’islamophobie ne concerne que ceux qui ont de la haine vis-à-vis de tous les musulmans pratiquants du seul fait qu’ils le soient ? Ce terme inventé récemment est une machine à psychiatriser la critique d’une religion, à la rendre pathologique. Pourtant, oui, on a le droit de critiquer l’islam, le christianisme, le judaïsme ou l’athéisme. On a même le droit d’avoir peur des religieux quels qu’ils soient comme on a le droit de croire en Dieu.
On ne peut plus rien dire, et c’est pour ça qu’on prend d’autant plus de plaisir à dire ce qu’il ne faudrait surtout pas dire. À force d’ériger des totems et des tabous, les défenseurs d’un monde lisse et consensuel font émerger une contre-société rieuse et décomplexée. Demain, il se pourrait qu’elle bascule dans l’outrance.
L’esprit humain a encore de la place pour se faire ses propres jugements, pour avoir sa propre sensibilité, sans que l’Etat ne puisse lui dicter ce qu’il aurait le droit ou pas de penser, surtout quand les injonctions de ses serviteurs s’appuient sur des demi-citations tronquées par des militants furieux. On ne peut plus rien dire, et c’est pour ça qu’on prend d’autant plus de plaisir à dire ce qu’il ne faudrait surtout pas dire. À force d’ériger des totems et des tabous, les défenseurs d’un monde lisse et consensuel font émerger une contre-société rieuse et décomplexée. Demain, il se pourrait qu’elle bascule dans l’outrance. C’est ainsi, tous les cultes génèrent leurs opposants, leurs réfractaires.
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Non, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. Alors, on réduit les derniers espaces de liberté. Plus d’enculés dans les stades, plus d’insultes. Des tribunes avec des consommateurs faisant la claque, repus de junk food et portant le merchandising hors de prix du club. S’il le faut, tous les matchs seront interrompus. Bientôt, nous ne pourrons plus regarder que des films Disney, avec des sous-titres pour les blagues. Nous ne serons plus islamophobes, xénophobes ou machos. Nous aurons simplement peur de nous-mêmes.
Gabriel Robin
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