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Yann Moix : attention whores society

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Publié le

27 août 2019

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L’époque est au déballage, à l’exhibitionnisme, à l’impudeur. On ne compte plus les séances de confession à la télévision, de thérapies pour adultes ayant été « victimes » de divers bourreaux, généralement leurs parents. Car, le statut de victime est peut-être devenu l’un des plus enviables de notre société, offrant confort et réconfort à celui ou celle qui s’en prévaut. Exemplaire, le conflit familial né de la sortie du dernier roman de Yann Moix nous en dirait-il autant que ce que le livre contient ?

 

Depuis quelques jours, taper sur Yann Moix est devenu un sport national. Il faut bien dire que l’homme est assez (sinon très) antipathique. Coutumier des saillies hystériques et des jugements à l’emporte-pièce, l’écrivain pas maudit du tout s’est transformé en bête de foire télévisuelle, toujours avide d’exprimer une opinion à contre-courant comme s’il jouissait de déplaire. N’est pourtant pas Joseph de Maistre qui veut. « Les policiers n’ont pas de couilles ! (…) Vous chiez dans votre froc ! », avait-il notamment osé sur le plateau de Thierry Ardisson le 22 septembre 2018. Ironiquement, Yann Moix accusait les policiers de se « victimiser », ce qui est pourtant son attitude favorite et le cœur de son dernier roman Orléans dans lequel il décrit son enfance comme une somme de souffrances et de vexations.

 

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Au plus fort des manifestations des Gilets Jaunes en mars 2019, notre homme ne montrait aucun signe de compassion pour les éborgnés, appelant à ce que soit inventé le « gilet jaune gonflable pour les dégonfler ». Quelques semaines auparavant, il affirmait toutefois que les gilets jaunes « (faisaient) l’histoire » alors qu’Emmanuel Macron la « subissait ». Plonger dans l’historique des déclarations de Yann Moix donne le tournis tant l’écrivain varie par petites touches, sans toutefois rien renier de ce qu’il est, ni du cœur de ses croyances. Farouchement opposé au Rassemblement national, d’un philosémitisme caricatural à l’excès en miroir inversé de l’antisémitisme le plus bas du front, « ex-prédateur sexuel » repenti rêvant d’un amour idéal, Yann Moix est au fond la synthèse d’une époque qu’il dénonce parfois : excessif, outrancier et avide de l’attention des autres.

 

Reconnaissons-lui, au moins, de ne pas chercher à tout prix à conquérir un « public » cible. Ses fréquentes sorties de route et sa constante inconstance lui interdisent la « popularité » et l’amour que ne reçoivent plus que les personnalités les plus lisses et les plus consensuelles. Va donc pour la place de trublion en chef des Dieux médiatiques. Tel Loki au banquet des Ases, Moix provoque la discorde avec sa langue fourchue … au cœur même de sa propre famille. Son frère Alexandre, écrivain lui aussi, l’a ainsi dépeint en jeune psychopathe dont les seuls objectifs de vie seraient d’obtenir le prix Goncourt et d’annihiler l’existence de son cadet. Ce n’est pas ainsi que l’écrivain a vécu son enfance. Lui se dit victime d’abus parentaux, décrivant notamment son énurésie. Un exemple qui ne manque pas d’ironie, le fait d’uriner au lit jusqu’à un âge avancé de l’enfance étant un des trois éléments de la « triade Mac Donald » permettant de repérer de futurs psychopathes. Reste que des milliers de personnes ont uriné au lit tardivement sans devenir Ted Bundy ou Gary Ridgway à l’âge adulte.

 

 

 

Ce raccourci que je n’emprunte pas, Moix aurait pu le prendre dans un de ses éditoriaux énervés dont il a le secret. Lui sait parfaitement jouer des failles des temps pour écrire le roman de son existence, de sa réussite et de cette gloire littéraire qui lui permettrait, croit-il du moins, d’en finir avec les souvenirs d’enfance qui le hantent. Il est probable que l’auteur d’Orléans croit raconter sa vérité dans ce qui est, il faut bien le rappeler, un roman. Il est certain que sa famille ne l’entend pas de cette oreille. Nous n’avons qu’une certitude : jamais auteur n’avait eu droit à meilleure publicité pour la rentrée littéraire. Et si c’était précisément le but, peut-être même inconscient, de la manœuvre ? Expérience toujours cathartique, la rédaction d’un roman est un exercice impudique. À l’heure de la société des médias, c’est sa promotion qui l’est encore plus. De l’impudeur à l’impudence, il n’y a qu’un pas.

 

 
 Gabriel Robin

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