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Rencontre avec les militants de la France bonapartiste à la veille du mariage du prince Jean-Christophe Napoléon avec Olympia d’Arco-Zinneberg.
Ils ont entre 18 et 50 ans et rêvent toujours d’un retour à l’empire. Passionnés, nostalgiques, bonapartistes ou républicains, ils continuent encore d’honorer la mémoire de Napoléon. Comment peut-on être encore Bonapartiste au XXIème siècle ? La question peut paraître étrange, impertinente, anachronique ou même provocatrice, mais pas pour David Saforcada. Le président de France Bonapartiste (FB), qui compte un millier de membres, la réponse est évidente. « Je pourrais dire que c’est une certaine idée de la France mais je ne veux pas plagier le général de Gaulle » répond cet ancien parachutiste de 47 ans, à la tête d’un mouvement qui se réclame de l’héritage Napoléonien et qui revendique son indépendance des partis traditionnels.
«Être bonapartiste, c’est croire en plusieurs valeurs : la souveraineté et l’indépendance nationale, le progrès social ou encore l’autorité» ajoute-t-il. « Nous ne sommes pas nostalgiques d’une période au sens où certains l’entendent mais bien des progressistes » se défend –il. Avant de préciser que les « Français ont une certaine nostalgie de cette période, d’une France qui gagne ». Anthony, 22 ans, responsable des jeunes bonapartistes en Rhône-Alpes et étudiant en droit, surenchérit. Il explique que le bonapartisme « n’est pas une nostalgie en soi, mais plutôt une idéologie qui est belle [avec un Napoléon] qui est venu dans un moment tumultueux et qui a remis de l’ordre dans la France en la stabilisant ».
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« C’est certainement la période de l’histoire de France où nous avons eu le plus de victoires consécutives et le plus assouvi notre empreinte culturelle sur le reste de l’Europe» ajoute-il. « Le Bonapartisme ce sont des valeurs qui méritent d’être défendues » me dit-il, très convaincu. Aurélien, 37 ans, ose une plaisanterie à l’évocation de Napoléon Ier, son empereur favori. « Le grand empereur qui fut petit caporal a apporté une certaine renaissance à la France, un certain rayonnement militaire et culturel à notre pays dont l’action à une incidence importante sur beaucoup de peuples européens, notamment sociétale ».
« Être bonapartiste en 2019, c’est aimer son pays et son histoire, avoir conscience de certaines valeurs transmises par les deux empereurs » indique également Lilian, 18 ans. De jeunes bonapartistes qui ont un avis tranché sur les deux régimes. A chacun son empereur. Pour Lilian, c’est Napoléon III dont il possède une affiche dans sa chambre. Une référence du renouveau bonapartiste actuel ? Pour Anthony, assurément le lorrain Marin Menzin, étudiant à la faculté d’histoire de Nancy et auteur d’une biographie sur le général Drouot. « J’espère que vous pourrez l’interviewer un jour ! » glisse-t-il à l’oreille.
Jeune trentenaire, le prince impérial est banquier à la City de Londres, a soutenu Nicolas Sarkozy et se dit actuellement proche du programme économique du président Emmanuel Macron.
Entre une Marianne gaullienne et les abeilles de la monarchie, le cœur des bonapartistes vacillent. «La majorité des bonapartistes s’inscrivent dans le combat républicain mais nous gardons une certaine fidélité à la famille du fondateur du bonapartisme. Il est logique que le candidat, si on parle d’une élection présidentielle, soit le prince actuel Napoléon» explique David Saforcada. Cependant, « Nous servons les principes avant de servir les princes » continue-t-il en paraphrasant le député Paul de Cassagnac. D’ailleurs, « le prince Jean-Christophe ne revendique pas un trône, il s’inscrit lui-même dans ce combat en faveur de la république. C’est une différence notable avec les autres familles royales». Jeune trentenaire, le prince impérial est banquier à la City de Londres, a soutenu Nicolas Sarkozy et se dit actuellement proche du programme économique du président Emmanuel Macron.
Cette position navre les bonapartistes peu en phase avec lui sur ce sujet comme ils le furent avant avec son père, Charles Bonaparte, « qui a commencé sa carrière politique en soutenant une liste indépendantiste corse, qui a été adjoint au maire de la municipalité socialo-communiste d’Ajaccio contre le Comité central Bonapartiste (CCB), qui a soutenu Anne Hidalgo etc…» regrette le leader de France Bonapartiste. « Ce n’est pas parce qu’on est majoritairement républicains qu’on est contre le retour à l’empire, plus républicano-compatible que la monarchie » surenchérit Anthony en souriant, fine moustache aux lèvres. « Il ne faut pas oublier qu’avant les deux empires, nous avons eu, soit une forme de gouvernance républicaine (le consulat) soit, une république à part entière (Napoléon III fut président de la seconde république) » précise-t-il.
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Pour Lilian, «un empereur peut paraître folklorique dans une France républicaine mais nous avons besoin d’un chef d’état fort et conscient de l’héritage qu’il porte. Je suis d’ailleurs totalement favorable aux rapatriements des cendres de Napoléon III et de sa famille à la manière de celui qui a été organisé en 1841 pour Napoléon Ier » dit-il avec un enthousiasme non dissimulé. Jusqu’ici toutes les tentatives de retour des corps de Napoléon III et de son fils éponyme, tombé dans le Zoulouland en 1879 ont échoué.
Les bonapartistes politiquement en conflit avec leur prétendant ? «Un Bonaparte est premier ou il n’est rien du tout » rappelle David Saforcada, qui reste cependant très critique envers les actions politiques passées de Charles Bonaparte et de ses prises de positions européennes partagées par l’actuel prince Jean-Christophe. A-t-il oublié que son grand-père, le prince Louis-Napoléon, avait appelé à voter non en 1992, lors du référendum de Maastricht. Une Europe impériale ? « Il faut réinventer l’Europe » dit Aurélien non sans euroscepticisme. « Une Europe ne peut que se construire qu’à travers celle des nations » reprend Grégory dont la date de naissance coïncide avec l’année du bicentenaire de naissance de Napoléon, qui jusqu’à présent avait suivi l’interview sans intervenir. Aurélien hoche de la tête en signe de oui.
Le gaullisme, référence principale souvent citée chez les bonapartistes serait-il l’héritier légal et la continuité des deux empires ? David Saforcada préfère le terme de « gaullien », regrettant toute cette «légende dorée » autour du héros de la libération qui ne peut lui faire oublier « les faits noirs » qui l’entoure, notamment l’Algérie française dont les bonapartistes ont été partie prenante du combat en faveur de son maintien au sein de l’empire défunt de la république française. Sa mémoire est respectée mais de ce qu’ils retiennent de la période « de Gaulle » reste principalement la possibilité de référendum qu’il a mis en place et qui fut cher aux deux empereurs qui ont largement utilisé le plébiscite populaire pour asseoir leurs régimes monarchiques respectifs.
13 septembre, dans 600 jours c'est le bicentenaire de la mort de l'Empereur. 600 jours pour s'unir afin de commémorer dignement cet événement. 600 jours pour ensemble faire voler l'aigle de clocher en clocher ! pic.twitter.com/ctVMdoP4me
— France Bonapartiste (@FrBonapartiste) September 13, 2019
Politiquement, les bonapartistes sont ouverts à toutes propositions d’alliances- FB a été pendant un temps allié à Nicolas Dupont-Aignan avant de s’en séparer-, tout en évitant de faire « comme le CCB qui fut longtemps une succursale du parti de Jacques Chirac » indique David Saforcada qui reconnaît avoir le soutien affiché des princes Murat, les cousins du prince Jean-Christophe Napoléon. Toutefois, hors de question de signer le moindre accord avec le Rassemblement national « quand bien même Marine Le Pen a tenté de nous récupérer lors de la dernière élection présidentielle » ou nouer, dans une forme d’union des droites, toute coalition avec les royalistes, notamment avec « les quelques illuminés de droit divin qui soutiennent un prince espagnol franquiste » ou ceux de l’Action Française qu’il fustige.
Irréconciliables avec les royalistes ? Pas vraiment. David Saforcada admet qu’il ne cache pas son admiration pour Bertrand Renouvin et la Nouvelle action royaliste même « s’ils ne sont pas toujours d’accords ». Mais de là à refaire l’alliance conservatrice du début du XIXème siècle entre royalistes et bonapartistes, l’idée peut sembler séduisante mais guère réalisable pour ces Bonapartistes qui rappelle que la jonction « avec les orléanistes avait tué le bonapartisme à la fin du XIXème siècle ». Puis de lever bien haut leurs verres et crier quelques minutes avant la fermeture du bar… « Vive l’empereur ! ». En face, un couple d’étudiants se retournent et font un geste du pouce, un hochement de la tête et un clin d’œil. L’idée bonapartiste n’est pas morte et elle se poursuit encore deux siècles plus tard, après le coucher d’Austerlitz, plus vivante que jamais et incarnée par le prince Jean-Christophe Napoléon.
Frédéric de Natal
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