Une comédie romantique à l’anglo-saxonne ou une histoire de famille, de guerre et de fantômes à la frontière colombiano-brésilienne … Que faut-il voir ou fuir au cinéma cette semaine ?
Mon inconnue
De Hugo Gélin avec François Civil, Joséphine Japy, Benjamin Lavernhe.
Avec Mon Inconnue, Hugo Gélin, réalisateur du séduisant Comme des frères (2012) et du médiocre Demain tout commence (2016), relève enfin le défi de franciser la comédie romantique labellisée depuis une vingtaine d’années par le Néo-zélandais, Richard Curtis.
Contrairement à l’écueil habituel, ici, le comique et le romantisme sont à parts égales, drôles et assumé, ni sarcastique ni beauf. Un cinéma d’adulte mais avec une âme adolescente, celle du premier amour. Sans prétention sinon l’audace d’assumer sa ligne, Mon Inconnue a de l’âme et du coeur, emprunte au conte de fées et aux comédies anglaises (notamment quand Gélin exfiltre Benjamin Lavernhe de La Comédie Française pour lui confier un second rôle hilarant et tout en nuance). À la fois tendre et convivial, il se permet même en filigrane d’esquisser une définition de l’amour : dans Mon Inconnue, la réalité du sentiment passe par des lettres qu’on n’enverra jamais et la flamme ne s’éteint que lorsqu’on ferme les yeux. Ouvrez-les et admirez.
Arthur de Watrigant
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Los Silencios
De Beatriz Seigner avec Doña Albina, Yerson Castellanos, Enrique Díaz
Second film de la réalisatrice Beatriz Seigner, Los Silencios nous raconte une histoire de famille, de guerre, de pardon, et de fantômes. Inutile d’en dire plus, puisque l’oeuvre en elle-même ne donne pas tellement d’importance à ce qui est dit, mais plutôt à la symbolique sous-jacente à ce que l’on voit, ce que l’on entend.
À la frontière colombiano-brésilienne, sur « la isla de la fantasia », on écoute les morts et s’y réfère. La réalisatrice mélange ces esprits aux vivants, si bien qu’il faut faire preuve d’attention pour les en différencier. Ainsi, le surnaturel se retrouve traité avec beaucoup de distance, un aspect attrayant certes, mais qui soustrait un des rares terrains d’enjeux et de tensions du scénario. Car se sont scénario et rythme qui pèchent, le film repose sur son esthétique, la couleur sous une simplicité apparente, entre jungles désaturées et nuits fluorescentes, est très juste. La réalisation, par des angles surprenants, des hors-champs audacieux, et une composition étudiée, fait la force du film. Mais ces prouesses n’empêchent que lorsqu’il ne se passe rien, on peut s’ennuyer devant de la profondeur, comme devant du beau.
Victor Tarot