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Ambroise Tournyol du Clos : « Nous devons en finir avec le collège unique »

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Publié le

24 septembre 2021

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L’Éducation nationale traverse une crise de la transmission sans précédent, alors que le désamour des Français à son égard est grandissant. Dans « Transmettre ou disparaître », Ambroise Tournyol du Clos, agrégé d’histoire et professeur de lycée, dresse un diagnostic sans complaisance et ébauche quelques pistes pour réformer l’enseignement, parmi lesquelles la fin du collège unique, le rétablissement de l’autorité et la passion du Beau.
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Vous considérez que la libéralisation de la société a dégradé la transmission, en abolissant toute obligation et en transformant la liberté en indépendance. De là, la dégradation du niveau, la fabrique d’inégalités et la crise du recrutement. En réponse, vous proposez de « réunifier l’archipel français » par la valorisation d’une culture « commune, solide et exigeante ». Quelles mesures vous semblent nécessaires pour améliorer l’enseignement ?

Une école de qualité suppose d’abord des professeurs bien formés et disposant d’une authentique liberté pédagogique. Le métier n’attire plus, ce qui a eu pour effet de réduire les seuils d’admission au concours du CAPES. Par ailleurs, plutôt que d’investir dans la formation, les gouvernements successifs ont fait le choix de multiplier les contractuels. Dépourvus de concours et d’une solide formation, ces enseignants précaires sont baladés d’un établissement à l’autre (un professeur sur cinq en Seine-Saint-Denis). Sous une apparente rationalité administrative, ce phénomène révèle le profond cynisme qui anime nos responsables politiques. L’autorité des contractuels, à peine installés, aussitôt déplacés, est facilement mise à mal par les élèves. Mais ces enseignants forment une réserve bon marché à laquelle on peut facilement imposer les contraintes d’un management technocratique (ex : l’évaluation par grille de compétences).

La note ne peut pas être un jouet affectif, le symptôme de l’excuse sociale, ou pire encore une manière d’obtenir la tranquillité dans sa classe

La formation théorique et pratique des enseignants est une autre nécessité. Elle devrait pouvoir s’appuyer sur les INSPE si ceux-là redeviennent des lieux de formation exigeants où l’on s’émancipe des modes pédagogiques. L’accompagnement des stagiaires par des tuteurs confirmés est une autre manière de fortifier les jeunes recrues. Enfin, si elle échappe à la mode du divertissement pédagogique, la formation continue pourrait redevenir un sérieux levier pour la refondation de l’école. Il faut reconnaître que le blocage des salaires participe au manque d’attractivité de la profession ; mais plutôt que de décréter une hausse généralisée et démagogique, sans doute faudrait-il redonner à l’institution les moyens de consolider les carrières enseignantes, sur les critères du sérieux et de l’application pédagogiques.

Vous parlez du pédagogisme, qui souvent a mené au laxisme. Le retour de l’exigence n’est-il pas une absolue nécessité ?

Le désir de transmettre devrait nous conduire à redéfinir les critères d’exigence scolaire. On s’étouffe parfois en conseil de classe des immenses écarts de notation d’une matière à l’autre, dans un même pôle, et pour un même élève. La note ne peut pas être un jouet affectif, le symptôme de l’excuse sociale, ou pire encore une manière d’obtenir la tranquillité dans sa classe. Nos élèves, dont l’infinie dignité ne tient pas aux résultats, doivent simplement y trouver l’épreuve du réel. Et nous devons réapprendre à l’assumer. Comment se fait-il que certains élèves passent d’une classe à l’autre avec de telles lacunes ? Combien de temps encore durera ce mensonge institutionnel ? [...]

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