Diplomate, passée par l’ENA, l’ENS et Sciences-Po, Anne Coffinier est à la tête de la Fondation pour l’école et de l’Institut Libre de Formation des Maîtres d’où elle consacre, depuis 10 ans, son énergie à changer l’école.
Anne est fille unique, née dans une famille qu’elle considère elle-même comme atypique : « C’est simple, socialement, on ne correspondait à rien ». Le père, volontiers anarchiste, ne faisait aucune distinction entre vie privée et professionnelle. Il restaurait des meubles du XVIIIe et lisait beaucoup pendant les temps de collage. Il a donné à sa fille en héritage une passion pour l’histoire et la transmission.
Le parcours d’Anne Coffinier est la meilleure preuve qu’une éducation alternative, faite de musique (1er prix de piano à 16 ans), d’iconoclasme et de vie à la campagne, peut produire un épanouissement intellectuel et humain. Elle suit une scolarité dans le public à Manosque, jusqu’à la prépa de Louis-Le-Grand qui va lui ouvrir les portes de Normale. Elle y étudie l’histoire et l’arabe tout en faisant Sciences-po.
L’immense détresse de ses condisciples normaliens envoyés au casse-pipe en ZEP la motive pour préparer l’ENA, dans l’espoir de changer la politique éducative de la France. Non sans risque : si elle échoue, l’École lui coupera les vivres. Enceinte, elle ne peut pas passer les épreuves sportives et doit concourir avec un handicap de notes gigantesque. C’est l’échec à un centième de points. Le président du jury l’incite à attaquer le règlement devant le Conseil d’État, mais elle refuse par sens de l’honneur. Elle réussira l’année d’après.
Difficile d’imaginer que c’est l’ENA qui sera le théâtre de sa conversion foudroyante ; un retour à la foi cristallisé par la découverte de la liturgie traditionnelle : « C’était une période merveilleuse. Au début d’une conversion, tout est grâce ». Philippe de Villiers avait fait « l’ENA buissonnière »; Anne Coffinier a fait « l’ENA à mi-temps ». Elle étudiait saint Thomas d’Aquin le soir, et rédigeait ses notes de synthèse le lendemain. Ses deux postes au Quai d’Orsay la laissent perplexe.
Elle met à profit le repos forcé dû à une tuberculose pour monter Créer son école, un site internet d’aide à la création d’écoles indépendantes. C’est un succès immédiat. Anne Coffinier se dit qu’il va falloir faire plus. Beaucoup plus: tout est à faire. Elle prend un congé sans solde et lance (…)
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