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Depuis le 31 mars dernier, la ville de Hong-Kong est secouée par de violentes manifestations journalières qui menacent la survie du gouvernement pro-Pékin de Carrie Lam. A l’origine de cet embrasement populaire, l’amendement voté sur la loi d’extradition qui permettrait au Président Xi Jinping d’intervenir directement dans les affaires de cette ancienne colonie britannique. Rendue aux chinois en 1997 après un siècle d’occupation et en vertu des dispositions du traité de Nankin signé entre l’ancien empire des Qing et du gouvernement de « sa Royale Majesté », le « mouvement de réunification de Hong-Kong avec le Royaume-Uni » a lancé une pétition réclamant le retour de la ville la plus capitaliste de Chine dans le giron anglais.
Le 1er juillet, les images de la prise de l’assemblée nationale (LegCo) par les manifestants ont tourné en boucle dans tous les médias internationaux. Le déploiement de l’Union Jack a surpris tous les observateurs présents et mis au premier plan un mouvement fondé, il y a peu, par Alice Lai, jusqu’ici minoritaire et considéré comme « une vaste blague » par ses détracteurs. Le drapeau britannique est devenu un symbole à la fois politique et social de la contestation au pouvoir communiste. Interrogé par la presse étrangère, la présidente du mouvement, qui compte un millier de sympathisants et membres tout au plus, est consciente de la faiblesse de sa marge de manœuvre mais évoque ce regain d’intérêt pour la réunification et qui a pénétré le subconscient de ses compatriotes. Des manifestants qui résistent à toute répression y compris celle organisée par le pouvoir en collaboration avec les triades locales. « Beaucoup de Hongkongais aiment énormément Sa Majesté !» et « même encore aujourd’hui maintenant, nous appelons toujours Sa Majesté, le Boss » déclare Alice Lai qui confesse son monarchisme. Cela fait trois ans qu’elle a fondé son groupe politique qui flirte avec le glorieux passé économique mis en place par les anglais. Ici, deux Histoires se confrontent tout en se rejoignant, celle du dragon millénaire et du Lion conquérant.
«La Chine n’est tout simplement pas apte à gouverner Hong Kong – c’est une façon de penser différente, un mode de vie différent»
Le monde s’entiche des chinoiseries en tout genre durant le XIXème. Les ports de l’empire se sont ouverts aux étrangers mais avec méfiance. Les Qing n’appréciant guère ces occidentaux qui ont découvert l’intérêt lucratif que peut leur rapporter la vente de l’opium, avec la complicité des hauts fonctionnaires impériaux. La dynastie a entamé son lent déclin sans le savoir et qui trouvera son épilogue lors de la révolution de 1911. En voulant faire interdire la pratique de cette drogue dans l’empire, les chinois déclenchent alors la première guerre de l’opium qui leur sera fatale, contraints de devoir signer un traité humiliant en 1842 dont la première clause sera la cession de Hong Kong à l’Angleterre. « Hong Kong et le Royaume-Uni ont coexisté à travers un système performant pendant près de deux siècles, pourquoi devrions-nous changer ce dont nous avons hérité » déclare au journal Metro, Alice Lai. «La Chine n’est tout simplement pas apte à gouverner Hong Kong – c’est une façon de penser différente, un mode de vie différent» ajoute cette quadragénaire « qui dénonce les inégalités et le prix à la hausse des prometteurs immobiliers chinois ».
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« Je trouve ironique que certaines personnes réclament un retour au Royaume-Uni, dans la mesure où cela a privé si longtemps les Hongkongais de leurs droits démocratiques » analyse, quant à lui, l’historien John Caroll. Mais les symboles de l’ancienne puissance maritime coloniale sont –ils vraiment les signes d’une volonté affichée pour un «comeback» au sein d’Albion ? A regarder de plus près, tous les manifestants n’adhèrent pas à ce concept, encore moins à l’utilisation du drapeau britannique comme symbole de résistance dont lui substitue volontiers un autre plus représentatif de cette corruption dénoncée également par les émeutiers. Les premiers drapeaux britanniques qui ont fait leur apparition dans les manifestations pro-démocratie remontent à 2010. Jusqu’ici, personne n’avait songé à ressortir l’Union Jack. « La Grande-Bretagne ne viendra pas nous sauver, n’oublions pas qu’elle a été également responsable de la vente de Hong Kong aux chinois » rappelle un manifestant tandis que d’autres accusent les concernés « de détourner le mouvement de son idée principale de protestation ».
«Est-il préférable d’être un citoyen de seconde classe dans une colonie ou est-il préférable d’être un citoyen de première classe dans la région administrative spéciale de Hong Kong » a demandé aux manifestants, Rita Fan. Avant d’ajouter par provocation et de se faire la porte-parole de Pékin : finalement, « il ne s’agit pas de savoir si le gouvernement accepte les demandes de la population, mais bien de savoir si les manifestants souhaitent revenir à l’ère coloniale ».
L’ancienne présidente du LegCo, Rita Fan, qui est désormais membre du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale), a déclaré « qu’elle avait interprété l’utilisation du drapeau par les manifestants comme une forme de nostalgie injustifiée ». «Est-il préférable d’être un citoyen de seconde classe dans une colonie ou est-il préférable d’être un citoyen de première classe dans la région administrative spéciale de Hong Kong » a demandé aux manifestants, Rita Fan. Avant d’ajouter par provocation et de se faire la porte-parole de Pékin : finalement, « il ne s’agit pas de savoir si le gouvernement accepte les demandes de la population, mais bien de savoir si les manifestants souhaitent revenir à l’ère coloniale ». Le Royaume-Uni ne semble pas plus être une solution pour les autres groupes indépendantistes. Ainsi, Tony Chung, responsable du groupe Student Localism affirme que cette « option n’est absolument pas envisageable tant la Grande- Bretagne ne se soucie plus de Hong Kong » et qui fait remarquer que c’est « surtout la jeune génération qui arbore ces drapeaux alors qu’elle n’a pas connu la colonisation ». D’ailleurs, le gouvernement d’Elizabeth II s’est contenté, pour l’instant, d’exprimer son soutien aux manifestants tout en leur demander de « manifester pacifiquement dans le cadre de la loi ».
Pékin qui applique une censure drastique de cette information dans toute le reste du pays afin d’éviter un nouveau Tiananmen. C’était, il y a 30 ans, les chinois réclamaient plus de libertés démocratiques alors que le Rideau de fer s’effondrait petit à petit en Europe.
« Transférer Hong Kong du Royaume-Uni vers la Chine a constitué une violation des droits de l’homme. C’est un transfert d’un pays démocratique à un pays autoritaire, totalitaire. Cette occupation est totalement illégale » résumait déjà Alicia Lai dans une interview accordée au Global Post en 2016 et qui entend désormais jouer un rôle dans les contestations contre le régime procommuniste. Pékin qui applique une censure drastique de cette information dans toute le reste du pays afin d’éviter un nouveau Tiananmen. C’était, il y a 30 ans, les chinois réclamaient plus de libertés démocratiques alors que le Rideau de fer s’effondrait petit à petit en Europe. La répression avait fait plus de 10000 morts devant les caméras des télévisions du monde entier, la communauté internationale n’était pas intervenue et avait fermé les yeux , laissant les émeutiers à leur terrible destin. La pétition qui réclame la réunification de Hong-Kong au Royaume-Uni n’a rassemblé jusqu’ici que 4000 signatures.
Frederic de Natal
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