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C’est difficile d’être « entendu » quand on étouffe la colère de ses ouailles

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Publié le

25 novembre 2020

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C’est ce qu’on appelle une belle négociation. Après un mois d’interdiction de culte, les catholiques vont pouvoir à nouveau communier, enfin seulement trente par messe.

C’est ce qu’a dit le président Macron hier soir à la télé. A peine avait-t-il coupé son micro que c’était le branle-bas de combat chez les évêques. Ça dégainait du tweet et du communiqué, ça râlait sur BFM et CNews en mode pas content, y en a même certains qui se risquaient à menacer de…bah justement on ne sait pas trop quoi, mais ça pointait de l’index avec conviction. Et les autres cultes ? Silence radio. Remarque c’est mieux. La dernière fois qu’ils l’ont ouverte, c’était pour regretter « que l’Église catholique ne se considère pas, dans la crise sanitaire actuelle, comme un culte parmi d’autres?». Le genre de fulgurance qui donne envie à un lecteur de La Croix de faire le pélé de Chartres sur les genoux et de communier sur la langue.

« Stricte limite de 30 personnes pour les messes » a généreusement expliqué le président. Ça laisse de la place pour convier un car de migrants à la messe de Vernoux en Vivarais. Par contre à Saint-Sulpice, je ne vous raconte pas le merdier. Quelques curés réfléchissaient déjà à un tri par quête, d’autres par ordre alphabétique et certains rêvaient d’un effet « black Friday » (oubliant qu’il n’y en a qu’un et que c’est trois jours avant Pâques) en n’ouvrant les portes qu’à la dernière minute. On ne va pas tortiller du clavier, cette mesure est complètement conne. Mais nous sommes en France, on ne sait pas faire de la mesure personnalisée, sauf pour la TVA. Tout le monde le sait, sauf nos évêques. Ces grands négociateurs. Ils nous avaient promis pourtant. Y a même Monseigneur Aupetit qui, fidèle à sa promesse d’avril dernier, a aboyé dans le micro de Radio Notre Dame. Bon, on ne pensait pas que ça allait être contre son troupeau, mais il a aboyé, fustigeant ceux qui font leur « petit business » alors qu’une négociation était en cours. Tout comme Monseigneur Michel, évêque de Valence » qui expliquait qu’« il est préférable que nous prenions le chemin du service, du dialogue et de la fraternité, plutôt que le chemin de la confrontation ». Les cathos ont vu le résultat.

Lire aussi : Retour de la messe : les jeunes catholiques ne désarment pas

« Les catholiques n’ont pas été entendus (…) Cette annonce n’est pas du tout conforme aux discussions qui ont eu lieu ces dernières semaines avec les ministres concernés » a déclaré hier soir la Conférence des évêques de France toute penaud. En même temps c’est difficile d’être « entendu » quand on veut étouffer la colère de ses ouailles. Rappelez-vous Monseigneur d’Ornellas, la sulfateuse de Rennes comme on le surnomme avec une connerie par syllabe dès qu’il ouvre la bouche, et ben il disait que « c’est sagesse de ne pas mélanger manifestation et prière, sous peine d’engendrer une confusion qui ne respecte pas la Loi de Séparation de 1905 et qui nuit au dialogue des représentants des cultes avec l’État. Je souhaite vivement que ce dialogue, qui aura lieu ce lundi 16 novembre, soit fécond ». Et je ne vous parle pas de l’autre curé de Nanterre qui brandissait sa bible comme un protestant en accusant les manifestants « Pour la messe » de blasphémer. Avec de tels porte-paroles, avouons que c’est compliqué d’être entendu. Bon, soyons honnête, les cathos ont vu quelques courageux évêques (Mgr Ginoux, Mgr Aillet, Mgr Rey, Mgr Malle notamment). Et même s’ils se comptent sur les doigts d’une main d’un lépreux, ils n’ont pas eu peur d’abîmer leurs mitres.

Ce matin, on a entendu Monseigneur Aupetit qui semble finalement aussi préoccupé par ses petits business de bancs tunés et de nouveaux vitraux à Notre Dame que par la jauge imposée, remonté comme un coucou : « C’est une mesure totalement stupide qui contredit le bon sens. Trente personnes dans une petite église de village, on comprend, mais à Saint-Sulpice, c’est ridicule ! Des paroissiens viennent à 2000 dans certaines paroisses de Paris. On va s’arrêter à trente et un… C’est ridicule ! ». L’archevêque de Paris énervé comme rarement a ajouté que : « De toute façon, on entre dans nos églises pour nous assassiner, c’est le terrorisme islamique, on nous égorge, on égorge de gens pacifiques qui viennent prier. Peut-être que M. Darmanin enverra des policiers avec des matraques pendant la messe, ce serait un spectacle étonnant. On va bien voir. » . Il ne faut jamais désespérer. De son côté Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la CEF, a laissé entendre qu’un « nouveau plafond maximal de fidèles pour les messes sera étudié d’ici jeudi matin 26 novembre, pour une jauge réaliste, tout en étant stricte ». Comme quoi quand on négocie, à défaut de montrer les muscles, mieux vaut ne jamais baisser son froc.

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