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Pour Charles Millon qui fut son ministre de la défense, la nostalgie qui entoure la disparition de Jacques Chirac nous renvoie à une époque où les présidents savaient nouer des relations très fortes avec les Français.
Jacques Chirac nous a quittés ce matin. Quel souvenir gardez-vous de lui ?
Jacques Chirac est le dernier grand homme de la politique française ; un personnage enraciné, qui aimait la France des terroirs. De tous les ministères qu’il a occupés, c’est l’agriculture qu’il a préférée, preuve de son fort attrait pour la France rurale. Sa longévité politique fait de lui l’homme de la transition entre les trente glorieuses – au cours desquelles il était déjà ministre – et la période de la crise où il n’a cessé de vouloir réduire la fracture sociale, thème de la campagne présidentielle de 1995. Il avait déjà intégré la paupérisation des classes moyennes et le décrochage de la France périphérique. En cela, il est précurseur.
Vous avez été son ministre de la défense entre 1995 et 1997. Comment s’est passé votre collaboration avec lui ?
Je suis très fier de l’avoir servi comme ministre de la défense. Il s’agit d’un ministère spécifique puisque comme vous le savez, la défense fait partie du domaine réservé du Président au même titre que les affaires étrangères. Or, sous sa présidence, j’ai bénéficié d’une grande autonomie pour mener à bien mes missions. Nous avons engagé de grandes réformes, comme par exemple la transformation de l’armée française en armée de métier avec la suspension du service national, ce qui a contribué à moderniser notre outil militaire et à le rendre plus opérationnel. Par ailleurs, Chirac a rendu son honneur à l’armée française, par exemple en valorisant ses faits d’armes (je pense notamment à la prise du pont de Vrbanja à Sarajevo en 1995 pendant la guerre de Bosnie) ou bien en moralisant la vente d’armes à l’étranger. Enfin, c’est lui qui a mis fin aux essais nucléaires et développé la simulation.
C’est aussi le Président qui a mis en place une digue étanche entre la droite de gouvernement et le Front national, ce front républicain dont vous avez été vous-même victime aux élections régionales de 1998.
C’était une autre époque et il pensait que la droite pouvait gagner seule. Je préfère aujourd’hui ne pas m’appesantir sur ce sujet et rester dans l’hommage qui est dû aux défunts le jour de leur deuil.
Quel regard portez-vous sur l’homme à titre personnel ?
Il était très fidèle en amitié et savait cultiver avec son entourage des relations personnelles très fortes. Son sens humain était extrêmement développé et il était capable d’arrêter un meeting pour se rendre aux obsèques d’un parent d’un de ses collaborateurs par exemple. C’était également un chef d’équipe extraordinaire, un meneur d’hommes et un bon vivant doté d’une énergie assez incroyable.
Propos recueillis par Benoît Dumoulin
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