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Devant la débâcle des Républicains aux élections européennes, Charles Millon pense le moment venu de restructurer la vie politique autour du clivage jacobin / girondin. À côté d’Emmanuel Macron qui revendique une verticalité toute jacobine ou du RN qui reste très centralisateur, il y aurait place pour un large mouvement girondin qui partirait des territoires et pourrait nouer des alliances sans complexes.
Que vous inspire le résultat des élections européennes et comment analysez-vous la déconfiture de la droite de gouvernement ?
Je pense que quand un parti est ambigu et qu’il ne convainc pas les concitoyens sur les solutions qu’il propose, il disparaît du paysage politique. LR n’a pas été assez clair dans ses stratégies et ses alliances, ainsi que dans la méthode qu’il comptait mettre en œuvre. Les Français ne comprenant pas très bien la ligne politique des LR, ils se sont détachés d’eux au profit du RN ou de LREM. Enfin, les règlements de compte immédiats auxquels on assiste depuis dimanche sont peu décents, fébriles et inutiles, ce que les Français ne manqueront pas de relever.
Pensez-vous que LR devrait faire alliance avec le RN ?
La question ne se pose pas en ces termes. LR devrait d’abord avoir une ligne idéologique claire qui lui permettrait ensuite de créer des majorités d’idées et non pas des majorités d’intérêts. Lorsque l’on est fort, on ne craint pas l’autre …Si la droite souhaite un jour revenir aux commandes de la France, il faut d’abord travailler à élaborer un programme commun de la droite, et apporter des réponses aux fortes mutations en cours dans notre pays, redonner de l’espérance et recoudre les déchirures entre les territoires. Il ne doit pas y avoir une France des villes et une France des campagnes. Cette histoire de front républicain est un piège inventé par Mitterrand pour diviser la droite, LR en subit encore les conséquences 30 ans après.
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Est-ce que c’est la fin de l’UMP qui était l’agrégat de différentes sensibilités (libéraux, démocrates-chrétiens et gaullistes) ?
L’UMP est déjà enterrée depuis plusieurs années…elle a changé d’enseigne et chacun des partis s’est remis à son compte ou au compte d’Emmanuel Macron…. Pourtant en démocratie il faut toujours une majorité et une opposition. Hier le combat était entre socialistes et libéraux, demain il sera entre girondin et Jacobin. Si LR veut se réinventer un avenir, il devrait se positionner et devenir le grand parti Girondin. Tant qu’il n’aura pas fait ce saut politique, il n’arrivera pas à être audible.
Hier le combat était entre socialistes et libéraux, demain il sera entre girondin et Jacobin
Le clivage jacobin / girondin est intéressant mais est-il pertinent pour rendre compte de toute notre vie politique ? Sur l’islam qui gangrène les banlieues, la question est-elle vraiment d’être jacobin ou girondin, ou bien de lutter contre le communautarisme ?
Un élu local comme un président de région est tout à fait capable de traiter la question de l’islam. Pour un président de région, le système éducatif ou la gestion de l’urbanisme sont des outils adéquats contre les tendances séparatistes. De plus, le système de la charia est interdit par notre législation, je ne vois pas au nom de quoi il pourrait avoir droit de cité. On n’a pas besoin pour cela d’un président de la République tout puissant qui étouffe les territoires. Je préfère un système girondin qui met en œuvre une démocratie locale, c’est comme cela qu’on pourra lutter efficacement contre l’islamisme.
Pourquoi est-ce si important d’être girondin ?
C’est la seule méthode qui permette de concilier la réalité et les convictions. Sinon, on est prisonnier d’une idéologie ou d’hommes politique qui poursuivent des projets personnels. Dans une collectivité locale à taille humaine, l’idéologie politique n’infuse pas…Plus on s’approche de la réalité locale, moins l’idéologie existe.
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Mais il peut y avoir du copinage au niveau local, n’est-ce pas pire ?
En trente ans de vie politique, je n’ai jamais pu constater un système de « copinage » au niveau local. Aujourd’hui il faut impérativement rapprocher le pouvoir des citoyens et mettre en œuvre une République respectueuse des libertés locales. Pour ce faire des réformes institutionnelles majeurs sont à travailler et parmi celles-ci, une réflexion profonde doit porter sur le mode d’élection du Président de la République qui, au fil des années est devenu un véritable « monarque républicain ».
Vous voulez un retour à la IVe République ?
Non, je propose une réforme totale de nos institutions afin d’obtenir une vraie décentralisation qui ne maintienne au niveau national que les compétences régaliennes (intérieur, défense, diplomatie, justice). Toutes les autres compétences doivent être exercées au niveau local : culture, éducation, développement économique, santé, transport, énergie, etc… Nos voisins allemands, italiens ou espagnols fonctionnent comme cela et ne s’en plaignent pas. Il est temps, en France, de mener, enfin, une véritable décentralisation.
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