Extrêmement bien reçue en Italie et en France, la première série de Marco Bellocchio, Esterno notte, est consacrée à l’enlèvement et l’assassinat en 1978 d’Aldo Moro, président de la Démocratie chrétienne, sujet qui lui avait déjà inspiré son film le plus réussi depuis vingt ans, Buongiorno, Notte (2003). Le changement d’axe est patent puisque on y suivait en un huis-clos les affres d’une jeune brigadiste devenue la geôlière de Moro ; d’abord farouche partisane de la cause révolutionnaire, elle tournait insensiblement casaque devant l’inflexibilité de son leader.
La série offre une vue plus panoramique en centrant tous les épisodes sur un personnage – sauf le dernier – du futur otage à son élève préféré devenu ministre de l’Intérieur, du pape à une brigadiste (plus lointainement concernée que dans Buongiorno, Notte) pour terminer sur l’épouse de Moro. Si le film fouillait l’inconscient de la jeune brigadiste – à qui Maya Sansa prêtait son beau visage expressif –, la série ne sonde rien moins que l’inconscient d’un pays face à la cruelle mise en application des thèses de René Girard sur le bouc émissaire, comme s’il fallait que meure Aldo Moro pour que le pays se relève. L’abandon du président par tous ses amis politiques fut consommé dans l’ombre, par de multiples actes manqués, devenant un véritable feuilleton médiatique. [...]
La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ? Se connecter
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !