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Cinéma : et sinon, comment va l’amour ?

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Publié le

8 janvier 2025

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L’amour « hétéronormé » serait-il en passe de revenir à la mode ? Avec Un Hiver à Sokcho et Jane Austen a brisé ma vie, le cinéma français remet la comédie romantique à l’honneur ce mois de janvier. Presque une bouffée d’air frais.
© Hiver à Sokcho

À force de s’être habitué aux jérémiades des déconstructeurs, aux clabaudages des néo-fem et aux pleurnicheries vindicatives des agressé.e.s de tout poil, on en aurait oublié que l’amour, le romantisme, les relations hétéronormées, c’est encore quelque chose. On peut même – sublime pied de nez – en faire des films, sur un mode aussi ringard que celui de la comédie romantique, ce genre qui a connu ses heures de gloire avec la screwball comedy (Hawks, Capra) et qui a fini par se vautrer dans la vulgarité des eighties comme une dinde de Noël fourrée au Xanax (Pretty Woman).

Lire aussi : L’Amour ouf : la résurrection du grand cinéma populaire français

Ce mois-ci, deux films ont l’insolence d’évoquer des coups de foudre chez les cisgenres, et surtout sans « essentialiser » le mâle en l’assimilant à un agresseur/pervers narcissique/pélicoteur sans vergogne. Et oui, dans Un Hiver à Sokcho et dans Jane Austen a gâché ma vie, l’homme est encore séduisant, rassurant – voire bienveillant. Outrage encore plus grave à la doxa ambiante, les pères absents n’y sont pas montrés comme des salauds, mais plutôt comme l’angle mort d’une généalogie du désir qui se réveille au contact de l’altérité. Car les deux films jouent évidemment sur une partition usée : l’héroïne binationale, le coup de foudre pour un étranger,  l’apprentissage de soi par la fréquentation de la différence, etc… sans oublier de tomber dans des clichés parfois navrants (Roschdy Zem, complètement grotesque en dessinateur de BD ténébreux et compulsif) ou dans certaines facilités d’écriture un peu criardes (le pillage et de le retournement matois du logiciel Emily in Paris dans Jane Austen).

Pourtant, les deux films ont pour mérite de croire jusqu’au bout à leur sujet avec une candeur, sinon un quasi-aveuglement qui a le mérite d’emporter (ou qui vous laissera sur la touche si vous êtes un vieux bougon). Le triangle amoureux, le clone pince-sans-rire de Hugh Grant, la transformation semi-ratée de la chrysalide sous Lexomil en passionaria raphaëlite (Jane Austen), ou encore l’éclosion du désir par l’espionnage feutré et l’apprentissage des baguettes (Sokcho), ils osent toutes les rengaines sans craindre de sombrer dans le ridicule… mais en brossant, l’air de rien, des portraits de femmes convaincants. Femmes qui ne sont ni victimes, ni lesbiennes, ni putes, ni rien : juste des jeunes filles qui rêvent encore au grand amour, quel que soit l’air du temps. Anachronique ou éternel, le romantisme serait-il en passe de redevenir cool ? Malgré les fausses notes conjuguées des deux films, on espère qu’ils annoncent quelque chose. Comme un retour en grâce du sentiment.


Un Hiver à Sokcho, de Koya Kamura (1h45), avec Roschdy Zem, Bella Kim, Park Mi-hyeon, sortie le 8 janvier

Jane Austen a gâché ma vie, de Laura Piani (1h35), avec  Camille Rutherford, Pablo Pauly, Annabelle Lengronne, sortie le 22 janvier

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