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Cioran : Fenêtre sur le rien/Divagations

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Publié le

14 novembre 2019

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Gallimard publie en ce 14 novembre deux textes inédits de Cioran, Fenêtre sur le rien et Divagations. Retour sur le plus français des écrivains roumains et inversement.

 

 

Aspirant au néant recalé dans les salons, Cioran est sans conteste un écrivain français. Ses écrits n’atteignent pas les dimensions hallucinées d’un Caraco, ni le vitalisme satanique d’un Ladislav Klima ; d’ailleurs, il ne s’est pas suicidé.

Il le savait, l’a écrit, et le voulait : résumer au maximum sa fougue roumaine et initiale jusqu’à en anéantir la mélancolie dans le bavardage.

Dans toute la partie française de son œuvre, il s’est contenté, en moraliste de remâcher ses ténèbres jusqu’à ce qu’ils puissent être reconvertis en bons mots destinés à faire effet dans les soirées intello. Il le savait, l’a écrit, et le voulait : résumer au maximum sa fougue roumaine et initiale jusqu’à en anéantir la mélancolie dans le bavardage. Aussi, il a toujours insisté, lors de ses entretiens, sur le décalage entre sa vie et ses écrits, entre leur ton désespéré, quasi clichesque, et une vie parisienne frugale, mais pas ascétique pour autant et somme toute assez paisible. Du moins pour sa part française, car il y a d’abord un Cioran roumain, ébauche d’un autre écrivain que celui que l’on vante d’habitude.

Les deux textes que publie Gallimard aujourd’hui sont les deux derniers écrits par Cioran dans sa langue maternelle ; ils ne furent jamais publiés quoique certains de ces fragments se retrouvent en partie dans son premier ouvrage en français, Le précis de décomposition.

Il s’agissait désormais, puisqu’il fallait bien vivre, et que le cataclysme avait eu lieu dans des proportions monstrueuses, de calmer cette ardeur démoniaque.

Révélateurs, parce qu’ils marquent une rupture factuelle, le fond chez Cioran demeurant toujours le même depuis ses débuts, ce changement de langue affecte la perception qu’a Cioran de sa propre écriture. Son œuvre roumaine qui atteint son climax avec le furieux pamphlet fasciste Transfiguration de la Roumanie, après lequel Cioran abandonnera toutes velléités politiques, restait finalement ancrée dans un nihilisme dont l’issue ne pouvait être que cataclysmique. Il s’agissait désormais, puisqu’il fallait bien vivre, et que le cataclysme avait eu lieu dans des proportions monstrueuses, de calmer cette ardeur démoniaque. Le français devint alors pour Cioran le moyen de troquer sa mélancolie quasi psychotique contre une sagesse déprimée qui convenait à merveille au destin d’une France en train de renoncer à sa grandeur par fatigue, ce qui valait toujours mieux que de subir le destin de ceux qui, pour être grands, crurent qu’il n’était d’autre issue que celle de l’abomination.

 

Lire aussi : Contemplation païenne 

 

Dès lors Cioran devint français par sagesse, pour corriger son hubris à la mesure française qui se traduit chez nous selon un rapport à la langue distancié, en vertu duquel un bon mot a vocation à le demeurer. Rien de plus vulgaire que ceux qui mettent en adéquation leurs actions et leurs envolés littéraires, parce qu’en France, il s’agit toujours d’être un peu vantard dans les salons et humbles pour le choses sérieuses, qu’on aime se payer de mots sans les confondre pour autant avec la réalité. La littérature de Cioran prit alors un bain de jouvence pour que l’écrivain en ressorte tel que nous le connaissons : immense styliste et penseur favori de tous les demi habiles. On peut considérer alors ces deux livres, tels la mue du nihiliste roumain en moraliste français, essentiels et dispensables comme Cioran finalement.

 

Rémi Lélian

 

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Cioran

Gallimard

135p.–12,50 €

 

                                                                                               

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Fenêtre sur le vide

Cioran

Gallimard

237p.-13,50

                                                                                   

 

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