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Conservateurs, vous êtes aussi coupables

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10 février 2022

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En réaction mimétique au progressisme, la droite communie désormais dans le conservatisme le plus caricatural. Elle doit urgemment abandonner sa culture de l’indignation et du ressentiment, pour redevenir ce que furent les ancêtres qu’elle chante : volontaire et créatrice.
Friedrich

Conservateurs, qui vous pensez du côté de la vérité, de l’histoire et de la patrie, il faut dissiper vos illusions. Vous n’avez jamais été, vous ne serez jamais l’antidote à la tumeur qui enserre notre Nation. Plus encore, vous constituez avec les progressistes, les deux faces d’une même pièce qui porte sur elle le sceau de la décadence.

Que souhaitez-vous conserver au juste ? Le rap ? Mai 68 ? L’occupation allemande ? Après tout, eux aussi ont désormais leur place dans l’histoire. Votre œuvre se résume à chercher inexorablement dans le passé une date, un évènement, un personnage diabolique coupable de la tournure actuelle des choses. Vous oubliez que la décadence commence dès lors qu’un peuple cesse de croire en son destin, se dérobe à son élan vital. Notre pays ne périclite pas parce que les progressistes dérivent, mais parce que vous avez cessé de vouloir créer et conquérir. En somme, vous êtes victimes d’une lâcheté qui fera votre perte. Celle de ne se définir qu’en opposition au progrès. Le progrès refuse toute racine, alors vous, vous misérables cloportes, aimez les racines jusqu’au point de préférer rester sous terre.

Lire aussi : Le progrès, pour quoi faire ?

Vous faites un piètre hommage au passé. Vous le voulez un tableau achevé, un roman qui a refermé sur lui-même sa dernière page, un chant qui a épuisé toutes ses notes. Vous admirez l’ère monarchique, et vous ignorez que l’Etat royal est sans doute le régime qui a le plus prodigieusement réformé le pays. En vérité, ce que vous admirez du passé est précisément ce à quoi vous vous refusez aujourd’hui, à savoir d’être tourné vers l’avenir. Portée par une pensée conservatrice, Notre-Dame n’aurait pas même été couchée sur un papier, Jeanne d’Arc serait encore blottie sous son édredon, et Péguy n’aurait jamais vu Chartres. Vous blâmez aujourd’hui au nom d’hier, les modernes blâment hier au nom d’aujourd‘hui, mais aucun n’aura de lendemain. Vous par incapacité à vous projeter, eux par inaptitude à prendre racine. La bataille aberrante que vous livrez à vos miroirs de médiocrité, ferait dire à Saint-Augustin : « Deux haines ont bâti deux déserts. La haine d’hier jusqu’à la caricature d’aujourd’hui, le désert du Ciel. La haine d’aujourd’hui jusqu’à la caricature d’hier, le désert du sol ». En définitive, vous êtes très exactement semblables à ceux que vous fustigez, seulement capables d’indignation. Une civilisation ne se conserve jamais. Elle persiste dans son être, ou s’éteint. [...]

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