Le passage du muet au parlant a été pour Hollywood une sorte de révolution anthropologique. Jusque-là, le cinéma relevait de l’art forain : des saynètes rapidement mises en boîte et diffusées dans les nickelodeons, ces cinémas de quartiers montés sur tréteaux dans les quartiers pauvres. Ses acteurs et actrices étaient souvent de jeunes personnes sans éducation, issues du monde rural, qui connaissaient une ascension et une chute fulgurantes. Le passage au parlant oblige les producteurs à trouver des femmes plus éduquées, sans accent du terroir. C’est là qu’ils commencent à construire le mythe de la diva hollywoodienne. « On passe en effet des petites fiancées de l’Amérique, comme Mary Pickford, qui étaient célébrées parce qu’elles disaient l’importance d’une Amérique encore naissante qui se cherchait une identité, à des femmes beaucoup plus sophistiquées, voire intouchables, aux origines européennes plus revendiquées. Il ne faut pas oublier le code Hayes (code de censure instauré de 1930 à 1952, NDLR) qui a obligé les réalisateurs à déployer des trésors d’invention pour suggérer l’érotisme de leurs actrices, tranchant avec les films d’avant qui étaient volontiers scandaleux… d’où cette aura intouchable dont l’actrice des années 40 et 50 commence peu à peu à se parer. » C’est une vraie « mythologisation » qui est en cours, à mesure qu’Hollywood prend acte de son propre pouvoir. [...]
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