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Docteur Rochambeau : « L’avortement à 14 semaines consiste à broyer le crâne d’un foetus »

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Publié le

2 octobre 2020

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Bertrand de Rochambeau est un gynécologue-obstétricien, et président du syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France. Il répond à nos questions sur la proposition de loi consécutive au rapport des députés Marie-Noëlle Battistel (PS) et Cécile Muschotti (LREM) qui veulent allonger le délai légal d’avortement à quatorze semaines.

Plusieurs députés souhaitent rallonger de deux semaines le délai légal de l’avortement Pouvez-vous nous décrire médicalement ce qu’est un avortement à quatorze semaines de grossesse ?

C’est une opération sous anesthésie générale qui consiste à broyer les organes de ce qui n’est plus un embryon, mais un foetus. Par exemple, la tête est calcifiée : il faut d’abord la broyer avec une pince, in utero, pour pouvoir le sortir par le col de l’utérus. Si ce n’est pas fait, le col pourrait se dilater et créer une béance, ce qui fera que pour les prochaines grossesses la femme aura un risque accru de faire une fausse couche ou un accouchement prématuré.

Comment les praticiens accueillent-ils ce changement de délai, et y aura t-il des refus catégoriques de leur part de pratiquer ces avortements tardifs ?

On pense que c’est fort probable. Si l’on s’en réfère à ce qui a été le dernier allongement du délai, quand on est passés de dix à douze semaines, trente pour cent soit un tiers des confrères qui acceptaient de faire des IVG ont arrêté pour cette raison là. Cette fois, on passe dans une autre catégorie de risque chirurgical. Ce n’est pas un geste facile à réaliser, et c’est un geste qui évidemment marque le médecin, dont le métier est plutôt de faire en sorte de sauver des grossesses plutôt que devoir écraser des foetus. C’est un geste choquant et on peut prévoir qu’on aura beaucoup moins de médecins prêts à faire ça. Or, si c’est dans la loi, les gens y ont droit, et donc les médecins y sont contraints. Heureusement, dans ces cas là vous pouvez faire valoir votre clause de conscience.

Cette fois, il s’agit de permettre aux sages-femmes de faire des avortements chirurgicaux par aspiration. C’est un geste, dont le praticien doit être capable de gérer les suites. Or, les sages-femmes n’ont pas les compétences pour réparer les éventuels dégâts qu’elles produiront.

À ce sujet, dans le rapport il est écrit « les états d’âme de professionnels n’ont pas à influer sur le droit des femmes à avorter » Que vous inspire cette déclaration ?

Sans commentaire. Les états d’âme des députés n’ont pas à influer sur la pratique médicale.

Les médecins sont-ils majoritairement favorables à une clause de conscience qui soit claire sur un plan légal ?

Sur toutes les interruptions de grossesse, il y a comme sur tout acte médical, la possibilité de de rétracter. La clause de conscience est universelle à tous les actes médicaux. Il se trouve que l’IVG, introduit dans la loi de 1974 une clause spécifique, qui rend la charge du médecin plus contraignante, parce qu’elle impose au médecin d’orienter la patiente pour ne pas qu’elle ne retrouve sans soins. Si les députés suppriment la clause spécifique, c’est la clause générale qui s’appliquera, et elle ne prévoit pas d’orientation de la patiente. Je ne suis pas sûr que ce soit un service à rendre à la patiente.

Qu’en est-il du troisième article, qui autorise les sages-femmes à pratiquer des avortement chirurgicaux ?

On ouvre un geste chirurgical aux sages-femmes. Aujourd’hui, par la loi de 2016, elles ont le droit de pratiquer les avortements médicamenteux. Cette fois, il s’agit de permettre aux sages-femmes de faire des avortements chirurgicaux par aspiration. C’est un geste, dont le praticien doit être capable de gérer les suites. Or, des complications graves peuvent se produire lors d’un avortement. Et les sages-femmes n’ont pas les compétences pour gérer ces complications : ce ne sont pas des chirurgiens, ni des gynécologues-obstétriciens. Elles ne savent pas réparer les éventuels dégâts qu’elles produiront. On va probablement avoir des patientes qui arriveront aux urgences blessées suite à un avortement fait sans médecin. Est-ce là un service à rendre aux patientes ?

Lire aussi : Allongement du congé de paternité : le postmodernisme à son propre piège

Un avortement à la pince pourra t-il être pratiqué par une sage-femme ou une infirmière ?

Pas dans la proposition de loi actuelle, qui prévoit que les sages-femmmes pourront pratiquer les avortement jusqu’à douze semaines. Mais ce n’est pas facile dès ce stade.

Y a t-il une véritable difficulté dans l’accès aux “soins”, comme en argue le rapport ?

Le rapport évoque effectivement une difficulté de l’accès à l’avortement, mais il commence par exposer qu’il n’y a jamais eu autant d’avortements en France. 232000, soit environ trente pour cent des naissances vivantes. Et si on en fait autant, ce n’est pas vraiment le signe d’une difficulté d’accès. Lorsque l’on va plus loin dans l’analyse, on s’aperçoit qu’il y a des endroits où c’est plus facile parce que l’offre est correcte, et d’autres où c’est plus compliqué : mais ce sont les mêmes endroits que pour les soins courants. Tout simplement des hôpitaux ont fermé, faute de moyen. Il s’agit d’un problème territorial. Et à un problème local, l’Assemblée répond par une loi qui s’applique sur tout le territoire. Par conséquent nous pensons que ce n’est pas la bonne réponse.

En somme, cette loi est-elle plus idéologique qu’alimentée par un souci du bien commun ?

Tout à fait. Cette loi est idéologique, et portée par un lobby féministe puissant et bien introduit dans les chambres parlementaires, aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée nationale. Cette loi est la volonté de féministes qui souhaitent que toutes les femmes aient un avortement, et à tout âge du foetus, à leur volonté.

Propos recueillis par Louis Lecomte

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