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Édito culture : Entrons dans la fin

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Publié le

4 septembre 2019

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Le roman de Seth Greenland, Mécanique de la chute, représente l’une des belles découvertes de cette rentrée, et quelques mois à peine après White, de Bret Easton Ellis, et quoique ce dernier livre fût plutôt raté, il confirme que si l’Amérique, patrie puritaine depuis l’origine, est toujours à la pointe de ce nouveau puritanisme laïc qui nous infeste sous la norme du « politiquement correct », elle est aussi fertile en contre-points énergiques.

 

Et nous lui sommes reconnaissants d’être au moins en mesure de produire quelques remèdes aux maladies qu’elle aura divulguées ici, et même si on ne peut l’accuser de l’entrain des élites françaises à s’inoculer le virus. 

 

Elle (Greta Thunberg) me fait songer à Étienne de Cloyes, ce meneur de la « croisade des enfants » qui, au début du XIIIe siècle, marchait à la tête de 30 000 mômes en vue de reprendre Jérusalem.

 

Alors que j’écris cela, Greta Thunberg, une jeune Suédoise autiste, navigue vers cette Amérique schizophrène, plusieurs siècles après ses ancêtres Vikings, sur son drakkar zéro carbone, et elle me fait songer à Étienne de Cloyes, ce meneur de la « croisade des enfants » qui, au début du XIIIe siècle, marchait à la tête de 30 000 mômes en vue de reprendre Jérusalem. Ce mouvement millénariste arguait de la corruption des adultes pour expliquer l’échec du maintien des Croisés en Terre Sainte, comme Greta argue de la corruption des adultes pour expliquer l’échec du maintien de la santé de la Terre. Les deux, Étienne comme Greta, avaient raison dans le sens que la corruption des adultes est toujours certaine et responsable de maux immenses. Mais ils n’avaient que partiellement raison, si bien que Philippe Auguste refusa son aval à Étienne. Si tout cela a beau être émouvant, l’issue du périple s’avéra un gâchis lamentable. Restons du côté de Philippe Auguste et de Jean Raspail. Ce qui, bien entendu, ne signifie pas de renoncer à la croisade. 

 

La question que ne pose pas Greta, c’est pourquoi la planète serait-elle respectable en soi ? C’est amusant ce libéralisme schizophrène des bien-pensants actuels : il faudrait adorer les choses parce qu’elles sont ce qu’elles sont tout en tenant à la fois comme essentielle l’idée qu’en réalité les choses ne sont que le résultat subjectif d’une construction culturelle. Je ne respecte la planète qu’à condition qu’elle soit sacrée d’une manière ou d’une autre et qu’elle puisse être le véhicule d’une trajectoire spirituelle où se transfigure l’humanité. Sans quoi, bon, il y a un sacré tas de planètes dans l’univers, elles mourront toutes, pourquoi s’obstiner à conserver ce qui ne signifie rien, est voué au néant et abrite des êtres dont la venue au monde, le sexe, l’identité et la destinée sont somme toute complètement relatifs ? Merci, mais en ce cas qu’on crève en buvant du champagne et en ravageant l’atmosphère dans de grosses cylindrées, ça aura plus d’allant, et qu’on n’en fasse pas tout un psychodrame. 

 

Lire aussi : L’éditorial de l’été: Le point zéro des routes

 

Vingt ans après l’an 2000, notre époque d’attardés commence enfin à devenir paranoïaque et millénariste. Je m’en réjouis. Ce n’est pas trop tôt. Depuis le temps que j’attends cela. Le roman qu’Alban Lefranc publie en cette rentrée l’exprime d’ailleurs avec éclat. Soyons millénaristes, c’est une excellente idée, réveillons-nous chaque matin avec l’appréhension de l’apocalypse comme les samouraïs se levaient avec une idée détaillée de leur mort. Voilà qui est très sain. De cette perspective faisons un programme : refusons de gâcher, foutons-nous de préserver – puisque c’est voué à l’échec et que s’éterniser ici-bas dans des bars à eau serait pire que l’enfer –, mais essayons par tous les moyens de transcender la fin à venir, ce qui est, en somme, la définition de l’art depuis l’origine. Amen.. 

 

Romaric Sangars

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