Souvenons-nous. Nous sommes le 1er mai 2017, soit deux jours avant le débat de l’entre-deux tours de la présidentielle. Apparaît alors une vidéo qui en quelques heures explose tous les compteurs, s’incruste dans tous les groupes WhatsApp, inonde les boucles Telegram et se retrouve en haut du panier des recherches sur les réseaux sociaux. Que voit-on? Un psychiatre italien du nom d’Adriano Segatori qui en huit minutes pose un diagnostic argumenté: « Pourquoi Macron est dangereux. » On apprend même quelques jours plus tard que plusieurs membres de l’équipe de Marine Le Pen avaient griffonné quelques notes pour pondre la stratégie gagnante du débat. Raté. N’empêche, un mandat et demi plus tard, quand bien même le toubib se situerait « à l’extrême droite de l’échiquier politique, ce qui pose la question de l’objectivité de son analyse » selon les décodeurs du Monde bien connus pour leur impartialité, l’analyse se révèle bougrement sensée, sans tomber dans le complotisme bas du front. C’est dire si on est dans la mouise.
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Le toubib explique que la liaison du futur président, alors âgé de quinze ans, avec sa prof de français de vingt-quatre ans son ainée a eu pour conséquence « à la fois de dépasser un tabou et dépasser une limite, la limite même que prescrit le tabou ». Évidemment, dans une société sous perfusion de relativisme moral depuis 68, on a oublié depuis belle lurette que si la morale existait, ce n’était pas juste pour faire chier le bon peuple mais parce qu’elle n’était pas sans conséquence. « Tout est permis » et « toute puissance » ne font généralement pas bon ménage. « Mise en scène théâtrale », « fascination pour le superficiel », « narcissique », « capacité d’attraction », « n’a aucun remords » et « grande capacité de manipulation », liste alors Segatori. Demandez à votre voisine du dessous de dessiner un visage à partir de ces innombrables qualités et je vous parie la cuisine en formica de Rémi Carlu qu’apparaîtra celui de Macron, l’obsédé du « lancement de grenade dégoupillée dans les jambes » dixit lui-même.
Leur programme ne souffre d’aucune entourloupe, ils l’affichent même fièrement puisqu’ils se baladent avec la trogne de Robespierre en pendentif, la perruque en moins, le keffieh en plus.
Pour notre cher président, la France n’est rien d’autre que le Monsieur Patate de Toy Story. Il s’amuse à lui greffer des oreilles entre les deux yeux, à lui amputer le pif ou lui accrocher la bouche à l’envers, bref lui ravaler la tronche façon Guernica. Il découvre que le jouet lui offre plein de possibilités. À cinq ans, c’est drôle, à quarante; avec la carte de visite de président, ça se soigne. Enfin, il paraît. L’hubris adulescente fait des ravages. On s’en amuserait presque si l’article 16 n’était pas à portée de main. Emmanuel Macron se tamponne des Français. Quant à la France, c’est juste un terrain de jeu qu’il préférera arroser au lance-flammes pour ne rien nous laisser, plutôt que de quitter la scène discrètement par les coulisses. « Moi ou le chaos », nous avait-il prévenus.
À gauche, les traditions ne se perdent jamais: qui dit élection dit union et avec la bénédiction de Jospin en plus: « À part quelques exceptions, on ne peut pas mettre en doute chez LFI leur engagement républicain. » Chacun son point de détail. Mélenchon et ses alliés l’ont bien compris. Leur programme ne souffre d’aucune entourloupe, ils l’affichent même fièrement puisqu’ils se baladent avec la trogne de Robespierre en pendentif, la perruque en moins, le keffieh en plus. La devanture change, les méthodes restent: on tronçonne tout ce qui dépasse et on repeint la terre de sang au nom de la fraternité et du vivre-ensemble. C’est beau comme la République. Il y a toute même une nouveauté – deux si on ajoute que pour la première fois, pas un de nos fonctionnaires de la Culture n’a menacé de quitter le pays si l’extrême droite arrivait aux manettes – c’est l’explosion du cordon sanitaire.
Même si Marine Le Pen refuse toujours le clivage droite/ gauche, disons qu’enfin tout ce qui n’est ni de gauche ni du centre a non seulement le droit de papoter en public, mais aussi celui de s’unir pour renvoyer sur le banc de touche tous ces fossoyeurs de la France. C’était aussi l’une des raisons d’être de L’Incorrect.
C’est chose faite. Et maintenant on fait quoi ?
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