La France est la nation politique par excellence. La politique est l'activité par laquelle un peuple se gouverne lui-même. Encore faut-il que ce peuple soit libre et avant tout, qu'il soit un peuple. Mais la politique n'est pas une fin en soi. Elle est ce qui permet à un peuple de persévérer dans son être. Chaque peuple réalise une manière singulière d'assumer et de réaliser les propriétés communes à toute l'humanité. Chaque peuple possède son génie propre. La multiplicité des peuples manifeste la richesse de l'humanité, ses diverses facettes.
Depuis plusieurs décennies, la France tend à abandonner son génie propre au profit d'un modèle uniformisant les cultures et les modes de vie. Depuis plus de cinquante ans, la politique française a tendu essentiellement à se déposséder au profit des mécanismes d'autorégulation que sont le marché et les droits illimités de l'individu ; au profit d'instances de « gouvernance » chargés d'aménager et d'arbitrer ces mécanismes. « Gouvernance », beau leurre sémantique pour désigner la mort du gouvernement de soi ! On a cherché à convaincre la France qu'elle ne pouvait perdurer qu'en cessant d'être elle-même, en cessant de s'occuper d'elle-même ; qu'en se fondant dans des ensembles économiques, politiques et culturels dans lesquels, lui a-t-on dit, elle aurait plus de poids. On lui a expliqué qu'elle devait s'allier à l'empire américain ou encore à l'Allemagne « pour construire une Europe forte » ou encore qu'elle devait être l'avant-garde de l'humanité enfin réconciliée et indifférenciée et, à ce titre, être ouverte à tous les individus, à toutes les cultures, à tous les capitaux. Bref, on a cherché à la couper de son génie propre.[...]
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