Rappelons qu’à l’annonce même du premier de ces deux événements, M. Macron, premier magistrat de France, a déclaré publiquement, avant tout commencement d’enquête judiciaire : « Je veux dire l’émotion de la Nation tout entière après la mort du jeune Nahel et dire à sa famille toute notre solidarité et l’affection de la Nation. Nous avons un adolescent qui a été tué, ce qui est inexplicable (…). Dans ce contexte, il faut du respect et de l’affection pour le jeune Nahel et sa famille. »
Ces propos lunaires traduisent à eux seuls l’aveuglement et la lâcheté des pouvoirs publics, depuis des décennies, devant l’ampleur du phénomène migratoire qu’ils ont sciemment encouragé et le flot de délinquance qui l’accompagne surabondamment. M. Macron ne fait qu’ajouter à cette lâcheté le verbiage que lui inspire son propre vide.
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Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux du président Hollande qui, en février 2017, avait visité le « jeune Théo » Luhaka à l’hôpital pour lui exprimer son soutien officiel. Déjà, il s’agissait d’une démarche publique objectivement hostile à la police. Pour le souligner, M. Hollande avait tenu à déclarer aux journalistes que le« jeune Théo » était un« jeune qui a toujours été connu pour un comportement exemplaire ». Ce jugement d’en-haut étant porté, l’intéressé ne pouvait qu’être une victime de la violence policière qui l’avait conduit à l’hôpital. Le journal Le Parisien, rapportant ce fait, concluait alors : « Sous le regard de la maman de Théo, digne, les yeux embués, une poignée de mains entre Théo et Hollande conclut ce bref entretien ». L’évocation de la maman soulignait l’aspect si tendre de la scène. Cinq ans plus tard, pourtant, le « jeune Théo » était condamné avec ses frères pour une escroquerie, entre 2014 et 2018 (et donc au cours d’une période incluant la visite présidentielle), portant, à hauteur de près d’un million d’euros, sur des fonds venant… d’aides publiques destinées à des associations pour l’insertion de jeunes défavorisés. Un comportement « exemplaire », en effet.
La guerre et le déshonneur
Cette lâcheté, cet aveuglement volontaire des pouvoirs publics les conduisent constamment à sortir publiquement de la réserve qui devrait être pourtant la leur en de telles affaires lorsque la justice est saisie.
Allant de l’avant, ils croient devoir désavouer implicitement la police et flatter ceux qui se sont opposés à elle. Ils s’y sentent contraints, à moins que la perversion naturelle d’esprit de ceux qui les exerce ne suffise à les y porter, parce qu’ils ont peur des réactions des « banlieues », où ils savent pertinemment que pompiers, médecins et policiers n’entrent déjà qu’avec crainte, quand ils y entrent encore.
Ces pouvoirs publics connaissent, par leurs services, toute la puissance explosive de ces territoires qu’ils n’ont pourtant jamais le courage de désarmer autrement qu’en faisant mine, à l’occasion, de copiner avec elle. Devant l’adversaire en colère, le chien faible se couche et se met sur le dos dans l’espoir d’être épargné. Alors, par la magie du discours officiel, le voyou n’est plus un voyou ; ce qu’il a pu faire, ce pourquoi la police l’a arrêté ou neutralisé et sans quoi l’événement ne se serait jamais produit. Tout cela disparaît comme un fond d’image effacé. Le voyou n’est plus qu’un fils, qu’un frère, qu’une « jeune » victime. Puisque n’apparaît plus alors que la violence qu’elle a subie, il faut y compatir parce que la victime a succombé à la méchanceté policière, qu’elle a une maman et que ses copains l’aimaient bien. La lâcheté, la complicité et la trahison de la confiance des policiers sont alors le prix sciemment consenti par les gouvernants pour acheter une paix précaire à un ennemi de l’intérieur qui n’en a cure et ne s’attache qu’à ses propres fins.
Le comportement des pouvoirs publics, relayé par un laxisme judiciaire maintes fois dénoncé, encourage grandement le peuple des voyous de « banlieues » à s’installer dans des modes de vie para-sociaux de délinquance
Il n’y a dès lors pas lieu de s’étonner de ce que le comportement des pouvoirs publics, relayé par un laxisme judiciaire maintes fois dénoncé, encourage grandement le peuple des voyous de « banlieues » à s’installer dans des modes de vie para-sociaux de délinquance qu’il considère comme normaux, conquis sur la loi commune.
Il n’y a pas lieu de s’étonner non plus que, dans le même temps, le personnel policier soit de plus en plus découragé d’accomplir un métier qui l’expose à la fois à la violence des voyous et à l’ingratitude, au mépris voire aux coups de la puissance publique qui l’emploie. Il est si facile pour elle d’envoyer les policiers au casse-pipe pour essuyer les contre-feux de ses politiques désastreuses ! À eux les veilles, le stress, l’épuisement, les risques parfois mortels : c’est leur boulot.
Il n’y a pas davantage lieu de s’étonner que la situation penche année après année en faveur de l’aggravation des risques sociaux, du renforcement même armé des « banlieues » noyautées par l’islamisme et de l’affaiblissement corrélatif de l’État, qui traite avec le monde délinquant de ces « banlieues » comme s’il s’agissait de pays étrangers légitimement conquis sur le sol français.
« Petit ange parti trop tôt »
La présente affaire s’insère dans ce contexte d’ensemble.
Pour le président de la République, il n’y a pas de délinquant chez la victime, 12 fois arrêtée à l’âge de 17 ans, pourtant jamais condamnée, et en situation avérée de délinquance au moment des faits qui lui ont coûté la vie. Il y a juste un « jeune Nahel », fauché à la fleur de l’âge, dont le décès est « inexplicable ». Tout se passe comme s’il avait été abattu à l’aveugle par un policier fou alors qu’il déambulait tranquillement avec sa famille, et non pas après de multiples infractions routières à bord d’un bolide qu’il n’avait pas le droit de conduire, en mettant ainsi en danger la vie d’autrui. Bref, comme s’il avait été, au fond, la victime d’un acte terroriste ou d’un funeste coup du sort.
Hier l’on célébrait le jeune Henri ; aujourd’hui l’on pleure le « jeune Nahel ». L’un et l’autre sont également nôtres. Le « jeune Nahel » est de notre famille à tous. Nous ne pouvons être insensibles à la perte commune d’un être cher. Lui sont dès lors acquis notre « respect », et notre « affection », dit le président de la République. Pour un peu, tandis que le policier déjà publiquement considéré comme coupable est sous les verrous, M. Macron ferait mettre en berne le drapeau national, ne serait-ce que pour consoler le jeune Mbappé, si cher à son cœur, d’avoir « mal à (sa) France ».
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Depuis lors, la mère de la victime ayant appelé à la « révolte », ce qui ne semble pas avoir ému M. Macron, sont survenues les émeutes que l’on sait, dont il est permis de se demander, au regard de leur ampleur, si elles ne sont pas orchestrées. L’extrême-gauche, toujours à l’aise quand il s’agit de chaos, jette de l’huile sur le feu, en invitant au moins implicitement à poursuivre les violences, que les voyous qualifient de « justice ». Manifestement, l’angélisme macronien n’a pas fonctionné.
La police en paye durement le prix. Presque 750 blessés à ce jour, dont on nous excusera de rappeler qu’ils ont aussi des familles, ce dont aucun discours officiel ne s’émouvra vraiment. Comme je l’ai dit, c’est leur boulot. À Marseille, deux policiers qui n’étaient pas en service sont tombés dans un guet-apens et ont été grièvement blessés, notamment à coups de couteau. Il est manifeste que cette violence sauvage d’espaces de non-droit n’est pas personnelle mais inspirée par la haine de la police en général. Toujours efficace, le discours macronien réplique à ces violences qu’elles sont « inadmissibles ». La belle affaire ! Peut-être faudra-t-il que quelques policiers soient tués pour que M. Macron, en particulier, quitte sa lune et prenne enfin la mesure de la situation, bien que dans la balance, la vie d’un policier ne pèsera jamais du même poids que celle d’un émeutier.
La faillite de l’État
Il ne s’agit pas, en effet, d’un problème relationnel entre les « jeunes » et la police, comme aime à le présenter la presse bien-pensante, qui s’applique avec la dernière des hypocrisies à masquer la réalité. Il s’agit d’un cancer de banlieues que les politiciens refusent de traiter autrement que par des injections d’argent, des « politiques de la ville » et des discours de séduction dont l’échec est pourtant patent. Immigration inassimilable, islamisation, trafics de drogue et d’armes, libanisation de secteurs urbains où la loi française n’a plus aucune prise, intimidation des populations locales, telle est la réalité du terrain. C’est sur elle que fleurissent des « jeunes » comme Nahel qui, ayant abandonné un système éducatif qui n’éduque d’ailleurs plus en rien, ne trouvent leur prospérité et leur avenir que dans la délinquance et la sécession sociale.
En aucun cas un gouvernant digne de ce nom ne peut faire cause commune avec le sort d’un délinquant avéré. Le sens commun comme l’honneur s’y opposent. Et surtout le sens de l’État, qui suppose l’un et l’autre
Voilà un problème tangible, identifié depuis longtemps, sur lequel les discours imbéciles n’ont aucune prise. Ces discours sont juste un peu plus criminels à chaque fois qu’ils se renouvellent, en ce qu’ils tendent à maintenir et à aggraver une situation explosive.
À ce constat, chaque citoyen normal est en droit d’attendre de l’État, qui est débiteur d’un devoir de sécurité, qu’il place fermement en haut ce qui est en haut, et en bas ce qui est en bas. Sinon, il faut d’ores et déjà renoncer à une vie sociale. En haut, l’intérêt du pays et le service de l’État ; en bas, et toujours, la délinquance, ses multiples ramifications et ses multiples acteurs, quel que soit leur âge, car un coup de couteau reçu d’un jeune de 18 ans ou d’un adulte de 40 ans ne fait pas une grande différence. Il faudra presque être reconnaissant aux émeutiers de permettre de le rappeler. Et de rappeler aussi que dans une situation de délinquance avérée, c’est en l’occurrence le policier qui est en haut et en bas le voyou, qui ne doit trouver aucun excuse politique ou judiciaire aux comportements par lesquels il a provoqué cette situation, laquelle fait violence à la vie sociale elle-même.
Assurément, un policier peut commettre une faute dans l’exercice de ses fonctions, comme n’importe quelle personne dans les siennes, y compris un chef d’État, encore que celui-ci ait le privilège de s’en absoudre chaque jour, toute honte bue, par ses artifices politiciens. En aucun cas, cependant, un gouvernant digne de ce nom ne peut faire cause commune, de quelque manière que ce soit, avec le sort d’un délinquant avéré. Le sens commun comme l’honneur s’y opposent. Et surtout le sens de l’État, qui suppose l’un et l’autre. Mais voilà, pour que le sens de l’État s’exerce, encore faut-il qu’il y ait un homme d’État. M. Macron, sophiste prétentieux et immoral égaré dans la politique, n’en est assurément pas un. C’est pourquoi l’indignité absolue de son appel à la compassion nationale pour un délinquant ne l’a même pas effleuré.
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Il appartient aux citoyens, s’il est possible, de prendre acte de ces événements, tant de fois annoncés par des personnes prudentes encore que les organes du politiquement correct se soient employés à les faire taire depuis des décennies. Il leur appartient d’identifier qui les cause, et d’en appeler le remède lorsqu’ils le peuvent. On peut espérer que ces événements les feront réfléchir et leur feront comprendre qu’il y a décidément mieux à faire que de confier encore et encore la conduite de la France à des Sarkozy, des Hollande ou des Macron qui, n’ayant aucun sens de l’État ni aucun amour de ce pays, ne sont pas plus capables, dans leur médiocrité, de porter remède aux maux de cette société que d’identifier les causes par lesquelles ils ont contribué à les provoquer ou à les entretenir. L’amour en effet s’exprime par des actes, et qui conduit qui que ce soit ou quoi que ce soit à son malheur ne peut prétendre l’aimer. Si le haut doit être en-haut, et le bas en-bas, c’est bien en-bas qu’est leur place. Il n’y a rien d’inéluctable en politique, il faut s’en convaincre. Encore faut-il vouloir résolument qu’elle change enfin. Et pour le vouloir, encore faut-il que chacun retrouve lui-même assez le sens de la grandeur et de l’honneur de son pays pour en confier enfin la garde à qui en est digne.