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[Édito] Sécession : les États dans l’État

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Publié le

7 novembre 2022

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Drogue, islamisme, kalach : nombre de banlieues ont fait sécession d’avec le reste du pays, au point qu’elles sont devenues de véritables zones occupées sur notre propre sol. Grande enquête à retrouver dans le numéro 58 de L’Incorrect.
sécession

Dans Le Savant et la politique, Max Weber définit l’État non par ses fins (car d’autres associations humaines en partagent de semblables) mais par son mode d’action spécifique : le monopole de la violence physique légitime. L’État moderne est effectivement le résultat de l’expropriation des puissances privées indépendantes par le pouvoir central pour faire appliquer sa loi sur l’ensemble du territoire, en recourant si nécessaire à la violence. Si l’État est aujourd’hui en danger, ce n’est donc pas tant par l’état de déliquescence des services publics (ceux-ci ne sont que le fruit jamais définitif d’une contingence économique et sociale), que par la contestation, inédite à cette échelle et dans ces proportions, de son moyen d’action privilégié. Les États dans l’État, ce n’est rien de moins que la mise à mort de ce monopole pluriséculaire.

Lire aussi : Éditorial d’Arthur de Watrigant : L’asile sans droit

Qui dit monopole de la violence légitime concurrent dit cadre légal concurrent. À la devise et à la Constitution du peuple français, aux lois sanctifiées par l’Assemblée nationale et sacralisées par la tradition légicentriste, se sont substitués des ordres juridiques multiples et d’une tout autre nature, à la fois littéralistes et non-écrits, fruits d’un mélange des plus orthodoxes entre la charia et les coutumes des pays d’origine, la loi racaille du plus fort et le code d’honneur des trafiquants de drogue. Ces agglomérats forment autant de codes locaux, chapeautés par l’autorité morale du coin, imam ou trafiquant. Et c’est ce nouveau droit qui permet de recouvrir les femmes, de leur interdire l’accès à certains lieux, d’imposer à tous le halal, de vivre d’argent sale, de s’armer et de violer, de lyncher les convertis. Par la surveillance panoptique, cette loi s’impose à ceux-là mêmes qui sur place n’y consentent pas.

Qui dit monopole de la violence légitime concurrent dit cadre géographique concurrent. À la République une et indivisible, fille que l’on croyait inviolable du jacobinisme révolutionnaire, s’est substituée une constellation de territoires de tailles diverses, aux frontières floues et mouvantes, sans cesse redéfinies par la fièvre démographique (du dedans et du dehors) et les évolutions du trafic. Ce sont les fameux territoires perdus de la République, qui ne cessent de grossir et de pulluler depuis qu’ils ont été diagnostiqués il y a de cela deux décennies, et annoncés par quelques-uns deux bonnes décennies plus tôt. Maîtres du « quartier », les nouveaux souverains érigent des frontières de symbole ou de fortune, contrôlent qui entre ou sort par des réseaux de guetteurs et des barrages filtrants. Leur chez eux a fini d’être chez nous.

Qui pénètre chez eux indûment ou ne respecte pas ses coutumes, le « sale blanc » qui s’y hasarde ou la « grosse pute » qui porte une robe, risque la ratonnade

Qui dit monopole de la violence légitime concurrent dit surtout autorité détentrice du droit à la violence concurrente. Au Léviathan légal-rationnel établi par le contrat social, au monarque républicain couronné par l’assentiment populaire et à l’administration qui agit en son nom, s’est substituée une nouvelle police, certes diffuse, qui contrôle les personnes, et leurs agissements, et leurs mœurs, et qui use selon leur droit de la violence quand il le faut. Qui pénètre chez eux indûment ou ne respecte pas ses coutumes, le « sale blanc » qui s’y hasarde ou la « grosse pute » qui porte une robe, risque la ratonnade. Le prof doit adapter son cours sous peine d’y perdre la tête. Les règlements de compte explosent. Si le flic est détesté, si la vue du moindre uniforme entraîne vexations et représailles, c’est qu’il incarne les velléités d’une autorité extérieure, donc illégitime, donc concurrente. Deux prétendants au monopole se font face. Dès lors, on peut – on doit ! – les caillasser, les frapper, les brûler aussi quelquefois.

Ces nouvelles souverainetés – superstructures qui permettent aux contre-sociétés de prospérer avec leurs propres réseaux économiques et diplomatiques, leurs propres rapports à la morale et aux fins dernières. C’est ni plus ni moins ce qu’a dépeint avec beaucoup de justesse Bac Nord. Comme on le fait d’une vieille carcasse, la France est dépecée, morceau après morceau, par les zones de non-France. La robe nationale, qu’elle soit de lys ou de Marianne, se déchire. Difficile hélas de ne pas penser comme Richelieu, après la déclaration d’indépendance d’une Nouvelle République de La Rochelle il y a quatre cents ans : « Il faut couper la tête du dragon ».


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