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Emma Becker : pute, mais pas trop

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Publié le

5 septembre 2022

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À chaque rentrée littéraire son scandale faisandé, qui ne fait plus guère lever un sourcil qu’au lectorat de Maisons & Travaux – assommés que nous sommes depuis 40 ans par les confessions érotiques et les « journaux de conquêtes » paraphés à coups d’égo-trip. Cette année, c’est l’imparable Emma Becker qui rempile. Même si personne ne méritait ça.
becker

Nous parlions récemment de ces nouvelles pratiques de la prostitution « sans risque » qui attirent tout un tas de petites grues vénales et narcissiques : la domination à distance, le « caming » et autres pratiques nichées du sexe virtuel qui demandent un investissement corporel minimum – mais n’empêchent pas les âmes de ces pauvres filles d’être bruyamment concassées par le Néo-Capital. On ne pourra pas enlever à Emma Becker qu’au moins, elle est allée au charbon. En travaillant deux ans dans plusieurs bordels berlinois, elle est rentrée dans le vif du sujet. Bon, certes elle a préféré les confortables hôtels de passe de la capitale allemande au périphérique nord-parisien et à ses putes à crack édentées... On va dire que c’est une question d’esthétique – mais passons. Dans La Maison, paru en 2019, Becker poussait jusqu’au bout le gonzo-journalisme, par opportunisme, ambition et peut-être même par vice. Pourquoi pas, après tout. Le problème, comme souvent dans ce genre de procédé d’immersion, c’est qu’elle est devenue doublement pute : d’abord avec ses clients, mais ensuite avec son propre milieu d’adoption, qu’elle a quitté un beau matin pour rejoindre le VIè arrondissement parisien. Faire le tapin n’aurait été qu’un hobby particulièrement rentable – si l’on additionne les ventes de La Maison et à ses émoluments de femme à jouir. 

Maman et putain

L’Inconduite sera donc le roman du retour à la vie parisienne et germanopratine. Retour à ses obsessions de petite fille riche : s’envoyer tout ce qui bouge pour tromper l’ennui, et si possible des vieux beaux plus ou moins célèbres, qu’on ne nommera pas dans le livre mais qu’on s’arrangera pour laisser fuiter dans l’exercice promotionnel qui suivra, histoire d’être sûr que tout le monde a compris : Emmanuel Carrère fera donc partie de ces illustres bâtons de vieillesse que la Becker aligne comme des trophées de veines pulsantes, de bonnes vieilles queues couronnées comme elle les aime depuis Monsieur, sa première autofiction confessatoire (c’est sans doute un des rares plaisirs qu’on peut trouver au livre : voir l’insupportable homme-soja des lettres françaises en prendre un peu pour son grade). [...]

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