Emmanuel Macron passe complètement à côté de sa campagne, parce qu’il avait prévu de ne pas avoir à la faire. La séquence Covid a été éhontément étirée en début d’année et utilisée pour multiplier les prises de parole empreintes de gravité, comme pour condamner à l’indécence tous ceux qui parlaient d’autre chose, et cliver le corps social contre la minorité hostile à toutes les mesures. Puis est arrivée, à point nommé pour lui, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et avec elle une nouvelle raison d’enjamber la présidentielle. Effet drapeau : voilà tous les Français – et le réflexe est fort naturel – regroupés autour de leur président car on n’en change pas en temps de guerre. Le président s’envole dans les sondages.
La situation politique était d’autant plus idéale qu’elle correspond à un mouvement profond du président : celui-ci a toujours été tenté, et l’a fait dès qu’il a pu, par la neutralisation-déplacement du clivage. Tout le camp bourgeois doit se réunir sur un plus petit dénominateur commun – en plus de quelques mesures ciblées pour flatter ci-et-là – autour de ceux qui savent et peuvent, c’est-à-dire lui et ses sbires. Le clivage se trouve ainsi redéployé contre les marges du champ politique, ici contre les opposants au pass, là contre les poutinolâtres, toujours contre ce qui est nécessairement requalifié en « extrême ».
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Malheureusement pour lui, les Français se sont accoutumés à la guerre en Ukraine comme l’être humain s’accoutume à peu près à toutes les horreurs. Et la campagne a fait son retour. Et Emmanuel Macron a été obligé de se plier à cette pratique démocratique un peu bête mais à laquelle les Français, peuple politique par essence quoiqu’il le soit de moins en moins, sont attachés : l’élection présidentielle. [...]
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