Vous attendiez-vous à ce que le Conseil constitutionnel soit saisi sur la loi Molac, et comment avez-vous réagi à son choix de retoquer le texte ?
Oui je m’y attendais parce que lors du vote le ministre de l’Éducation était visiblement courroucé car il s’y opposait. Il n’a pas apprécié non plus que de nombreux députés de la majorité votent contre ses consignes. On a donc bien compris qu’il y aurait une saisine. Madame Berger a rameuté toutes ses troupes pour saisir le Conseil constitutionnel, quitte à tordre un peu la réalité. En effet, certains députés ayant accepté de signer cette saisine sont un peu désabusés car ils n’étaient pas opposés à l’apprentissage des langues régionales. Ils ont eu le sentiment d’être manipulés.
En revanche, je ne m’attendais pas complétement à la décision du Conseil constitutionnel. Il a censuré le principe des langues régionales enseignées par immersion à l’école, sachant qu’il était précisé que cela ne se ferait pas au détriment de l’apprentissage du français. Je voyais plutôt le Conseil constitutionnel retoquer le principe du financement par les communes des écoles avec apprentissage des langues n’étant pas sur leur territoire. Je n’étais d’ailleurs pas la seule dans ce cas.
Si on ne permet pas aux enfants de s’en imprégner par cette méthode, sans que ce soit au détriment de la langue française, elles disparaîtront.
Le Conseil constitutionnel n’a pas censuré les bonnes dispositions car il y a eu une réaction du président de la République qui lui, au contraire, voulait travailler avec la méthode immersive. Donc je pense qu’il ne s’attendait pas à une telle censure.
L’article 2 de la Constitution relative à la langue française a été utilisé pour interdire l’enseignement immersif. Trouvez-vous cette défense légitime ? L’enseignement immersif en langue régionale est-il vraiment la meilleure modalité ?
Bien évidemment, la méthode immersive ne pouvait se faire au détriment de l’apprentissage de la langue française. Je trouve cette défense injustifiée car nous avions pris des précautions et l’avons répété au moment de voter les différents amendements. Il n’y avait aucune ambiguïté. Il est évident que la langue française est la langue de la République française et doit être utilisée à l’école. Mais les langues régionales vont mourir si on ne permet pas l’apprentissage par immersion. Dans les différentes régions, elles sont très peu parlées dans les foyers et les familles. Si on ne permet pas aux enfants de s’en imprégner par cette méthode, sans que ce soit au détriment de la langue française, elles disparaîtront. [...]
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