L’image parle d’elle-même. En avril, à N’Djamena, aux côtés de Mahamat Déby lors des funérailles de son père, Emmanuel Macron est le seul chef d’État occidental présent. La veille, il s’est longuement entretenu au téléphone avec le nouvel homme fort du Tchad : en déclarant sur place « que la France ne laissera personne menacer le Tchad », il assume un ton paternaliste, et les dénonciations d’ingérence de la part des sociétés civiles africaines n’y changeront rien.
Moins de trois mois plus tard, le président français a reçu Déby fils à Paris alors que le régime tchadien réprime dans le sang toute opposition. Pire : que ce soit au Mali où la réélection d’Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) « a été émaillée d’irrégularités » selon les médias locaux, ou à la Guinée où Alpha Condé, l’ami du président français, a brigué contre la constitution un troisième mandat, l’Élysée a adressé des lettres de félicitations. Une manière d’approuver ces scrutins crisogènes qui, dans le meilleur des cas, aboutissent à une fragilisation de la démocratie, et au mire à des coups d’État. La recrudescence de ces putschs pousse à s’interroger sur l’efficacité de la politique africaine de la France.
Constantes ingérences « électoralistes »
« C’est Macron qui pourrit la situation », s’emporte Agbéyomé Kodjo. Arrivé deuxième lors de la présidentielle de février 2020 au Togo, le principal opposant à Faure Gnassingbé qui briguait un quatrième mandat a dû se résigner à l’exil, d’où la semaine dernière il a adressé une lettre ouverte au président français. L’ancien Premier ministre togolais y dénonce « une complicité ardente et constante entre l’Élysée avec les palais africains ». Avec le soutien de Sébastien Nadot, Kodjo avait réussi, au printemps dernier, à inviter la crise togolaise dans le débat parlementaire du palais Bourbon. En effet, le député de la Haute-Garonne a fait de la lutte contre les fraudes électorales son cheval de bataille, associant dans le même combat la Guinée, le Cameroun, le Gabon ou encore le Tchad et la Côte-d’Ivoire. [...]
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