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Européennes : dimanche, folle soirée pour le RN

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Publié le

10 juin 2024

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Ces élections européennes ont réservé bien des surprises. À la suite de la vague Rassemblement national, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Entre champagne, excitation et rebondissements, récit d’une folle soirée.
© Facebook Assemblée Nationale

Un vent de félicité souffle sur le parc floral de Paris en cette fin d’après-midi. L’hysope se mêle aux bulles de champagne dans une ambiance de Garden party. C’est ici que le Rassemblement national a décidé de réunir militants et journalistes pour fêter le score de la liste menée par Jordan Bardella.

Lire aussi : Dissolution de l’Assemblée nationale : Matignon vaut bien une coalition des droites

À 20 heures, le couperet tombe sur la majorité présidentielle qui obtient 14,6% des suffrages, plus de deux fois moins que le score du Rassemblement national : 31,4%. C’est l’exultation de joie dans la salle à 20h05 quand Jordan Bardella prend la parole. Dans la continuité des éléments de langage utilisés tout au long de la campagne, il réitère son souhait d’une dissolution de l’Assemblée nationale : « Le président ne peut pas rester sourd au message envoyé par les Français : nous lui demandons de prendre acte de cette nouvelle politique, d’en revenir au peuple français et d’organiser de nouvelles élections législatives », déclare-t-il devant ses militants. Au même instant, on apprend qu’Emmanuel Macron va prendre la parole. Une intervention historique. Jamais un président en exercice ne s’était exprimé le soir même des résultats d’un scrutin. Le discours attendu de Marine Le Pen est logiquement retardé. Journalistes et militants rejoignent la terrasse et s’affairent aux buffets.

Autour d’un verre, le député Nicolas Meizonnet nous livre son analyse des résultats : « Comme avec Emmanuel Macron en France, partout en Europe, ceux qui ont porté une idéologie européenne, mondialiste, libre-échangiste ont échoué et, par conséquent les peuples se réveillent. Emmanuel Macron a deux choix : dissoudre l’Assemblée ou démissionner. » Même son de cloche chez Pierre-Romain Thionnet, président des jeunes du mouvement : « Il est évident que le rapport de force de l’Assemblée n’est pas le même que celui exprimé par les Français aujourd’hui. Il est donc possible que Macron aille vers une dissolution. C’est notre objectif : avoir une majorité à l’Assemblée nationale et au Parlement européen » Concernant ses adversaires politiques à droite, il ajoute : « LR et R ! ne vont pas peser dans les politiques européennes, ni dans les débats politiques français. Les Français nous confirment comme force principale d’alternance, et c’est dommage de passer à côté en s’entêtant. » Plus loin, un militant affirme : « Que Reconquête fasse plus de 5%, ça ne m’empêche pas de dormir ! » Mais, à cet instant, personne n’imagine qu’Emmanuel Macron prenne ses responsabilités et décide de dissoudre la chambre basse. C’est le cas de Franck, ancien soutien d’Éric Zemmour passé au Rassemblement national : « Je n’attends plus rien d’Emmanuel Macron ! »

Plan Matignon

Coup de tonnerre à 21h lorsque le président prend la parole avec gravité : « J’ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc, ce soir, l’Assemblée nationale. » Stupeur et excitation se mêlent sur les visages des convives. « On repart en campagne ! », s’exclame Julie Gahinet, collaboratrice parlementaire de Julien Odoul. Emmanuel Macron aura donc subi la pression infligée par le Rassemblement national qui, lui-même, n’y croyait pas vraiment. Dans la salle des journalistes, certains soupirent : « Je devais partir en vacances… Heureusement que je n’ai pas pris mes billets. » Après la prise de parole de Marine Le Pen, l’état-major du parti et les élus sont introuvables. Renaud Labaye, éminence grise de Marine Le Pen à l’Assemblée, se presse pour rapatrier tous les cadres. Ils préparent l’après et déclenchent ce qu’ils nomment le « plan Matignon ». L’eurodéputé sortant Jean-Lin Lacapelle s’en félicite : « C’est le printemps des Européens. Emmanuel Macron a passé son temps à dire que ce n’était qu’une élection européenne. C’était faux. Tout ce qu’il se passe au niveau national se décide à Bruxelles. »

Tunique de Nessus ?

Certains observateurs politiques croient voir dans la décision d’Emmanuel Macron un cadeau empoisonné pour le RN. Jordan Bardella n’héritait-il pas de la tunique de Nessus pour court-circuiter l’arrivée de sa famille politique au pouvoir en 2027 ? Une hypothèse que ne valide pas Jean-Lin Lacapelle : « Ce n’est pas un cadeau empoisonné d’Emmanuel Macron car le RN a un dispositif qui s’appelle le plan Matignon. Nous avons nos candidats, une expérience et beaucoup de militants. J’ai le sentiment que le président s’auto-empoisonne mais je ne vais pas, pour la première fois en sept ans, reprocher à Emmanuel Macron d’écouter le peuple. Je demande juste au peuple de valider sa confiance et son message d’espoir dans quelques semaines. »

Lire aussi : Questions qui fâchent à Marion Maréchal

Une nuit courte attend l’état-major du Rassemblement national à qui revient la lourde tâche de préparer l’alternance en obtenant une majorité absolue lors des législatives. Les prochains jours vont être dédiés aux investitures et alliances. En clair, à une potentielle coalition des droites dont la clé de voûte pourrait être Marion Maréchal, qui rencontrera Jordan Bardella et Marine Le Pen rue Michel-Ange ce lundi 10 juin.

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