Depuis les premiers décomptes du britannique Charles Reep – qui théorisa dans les années 1950 le kick & rush après avoir calculé que 80 % des buts étaient marqués sur des actions de moins de trois passes – jusqu’à la révolution opérée par l’entraîneur français Arsène Wenger à Arsenal au tournant des années 2000, la pieuvre statistique déploie inlassablement ses tentacules sur le monde du ballon rond. Recrutement des joueurs, élaboration du style de jeu, analyse des performances, gestion de l’entraînement et des blessures: rien ne se fait plus désormais sans le concours d’études chiffrées à la Moneyball, du nom de ce célèbre ouvrage retraçant le succès des Athletics d’Oakland en baseball grâce à l’emploi des statistiques avancées.
Capitalisme, paris sportifs et starification
Cet empire nouveau est intimement lié à la logique capitaliste qui s’est adjugé le football. Au vu des engagements financiers très lourds consentis par investisseurs et sponsors, tout doit être mis en œuvre pour minimiser les aléas sportifs. L’extension du marché des joueurs à l’international alimente encore cette course à l’armement mathématique : foisonnement de talents à repérer avant les autres mais que l’œil humain ne peut matériellement embrasser, la planète doit être maillée par la statistique. Les paris sportifs, autre marché lucratif, ne pourraient désormais plus vivre sans elle, signe supplémentaire d’aliénation du sport par l’encodage. [...]
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