Quelle est la genèse du Manifeste Incertain ?
Le projet remonte à l’époque de mes 18 ans, je travaillais dans les wagons-lits internationaux, et notamment beaucoup en Italie. Nous étions en plein dans les années de plomb, avec des idéologies très fortes qui se combattaient : gauchistes ultra-violents d’un côté, de l’autre nostalgiques du fascisme, les deux faisant régner la terreur, notamment dans les trains. Beaucoup de mes amis étaient tombés dans le trotskysme et le maoïsme, et une nuit, en réaction à ces engagements, le terme m’est apparu : Le Manifeste Incertain.
C’est ensuite à Paris, où j’ai vécu dans la pauvreté et la solitude, que j’ai imaginé le livre qui pourrait avoir un tel titre, ainsi que la forme écrite et dessinée, qui est venue bien plus à tard, à mes 45 ans. J’avais envie de faire un livre sans fin, ce que j’ai proposé à mon éditrice, à raison d’un volume par an. Un rythme qui semblait important pour entretenir une relation avec mes lecteurs. Assez rapidement j’ai décidé de m’arrêter arbitrairement à neuf volumes. Les héros de mes livres, ce sont les sentiments, ici je souhaitais mettre en scène l’incertitude. Une incertitude qui m’apparait comme un stimulant, tout comme la mélancolie. À la fois une angoisse et une exaltation. [...]
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