Même si les imbéciles ne le savent pas encore, nous sommes pour l’heure présente bel et bien sortis de l’histoire. Rien n’empêche que nous y entrions à nouveau. Fors nos lâchetés.
Plus encore que les ignorants, les gens à diplômes manifestent un goût très vif pour les idées reçues. À chaque nouveau malheur qui s’abat sur le monde, les commentateurs de profession, les intellectuels autorisés et les politiciens imbus de leur mission civilisatrice répètent à l’envi que « contrairement à ce que pensait Fukuyama, l’Histoire n’est pas finie ». Le caractère quasi pavlovien de telles déclarations invite à la méfiance. S’il est acquis que les thèses de Fukuyama sont nulles et non avenues, pourquoi donc évoquer encore son livre, paru il y a vingt-cinq ans ? Une telle unanimité dans la condamnation d’un ouvrage essentiellement théorique ne masquerait-elle pas une faille du discours officiel ? Bref, si tout le monde est d’accord pour dire que Fukuyama avait tort, n’est-ce pas suffisant pour envisager qu’il puisse avoir raison ?
Cette hypothèse paraît d’autant plus légitime que la pensée de Fukuyama n’a pas grand-chose à voir avec la caricature que l’on en fait. L’idée d’une fin de l’Histoire, conçue comme l’avènement d’un temps stationnaire et dépourvu de conflits, n’est à aucun moment formulée dans (...)
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