On passe la porte de ce disque pour entrer dans un cabinet de curiosités. En effet, les choses les plus diverses s’y côtoient avec étrangeté : c’est précisément ce qui en fait son intérêt. En neuf titres qui crachent de toxiques étincelles, Jojo Orme, qui se fait un nom sous celui de Heartworms (du nom d’une maladie transmise aux animaux par un ver né de la piqûre d’un moustique) défini en un premier album victorieux de troubles contours fascinants. Née d’un père afghan et d’une mère sino-danoise, Jojo Ormo grandit dans une petite ville du sud-ouest de l’Angleterre, non loin de la frontière galloise. À la voir, on l’imagine mal, jeune fille, participer à ces galas où l’on trouve d’agaçants enfants trop choyés par des parents méphitiques. Pendant ce temps, elle flirtait sans doute avec « la racaille des estaminets et le résidu des brasseries » comme disait Huysmans. Peut-être, aussi, était-elle seule. Nous n’en savons rien. Et de toute façon, peu importe : c’est un peu la même chose. Sa musique elle-même marie d’étonnants contraires : froideur industrielle, élans lyriques, explosions soniques. Par-delà ce curieux mélange baroque, une âme d’esthète crépusculaire clapote à la surface de cette musique pleine d’élégances fardées. Voyons-voir : approchons-nous d’elle. [...]
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