Anselm Jappe reprend le dossier par ce bout très concret (béton, en anglais, se dit concrete) et propose une histoire du béton armé, une analyse de sa place dans la modernité et une critique du modèle architectural qu’il aide à répandre, celui de la boîte à chaussures préfabriquée, grise, sinistre, monotone et fragile. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les édifices en béton armé, sujets à la corrosion des éléments d’acier, ont en effet une durée de vie assez faible, comme en témoigne l’écroulement du pont Morandi de Gênes au bout de cinquante ans.
À cela s’ajoute, dit Jappe, les effets délétères de la division des tâches entre concepteurs (l’architecte et l’ingénieur) et exécutants (l’ouvrier), qui aboutit à des résultats parfois moins solides que l’architecture traditionnelle basée sur le simple savoir-faire des artisans : « Est-il besoin de mentionner que les cathédrales médiévales ont besoin de relativement peu de maintenance depuis 700 ans – beaucoup moins que n’importe quel bâtiment de Le Corbusier, Jean Nouvel ou Frank Gehry ? » [...]
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