Ils ne sont pas athées et ils sont donc concernés par le blasphème. Ils ne sont pas musulmans et ils n’ont donc aucune raison de faire interdire ou, pire, de punir au couteau de cuisine, les caricatures de Dieu. Tant que les catholiques se demanderont s’ils sont, affectivement, plus proches des athées qu’on égorge ou des musulmans qu’on provoque, ils feront fausse route. Et si, au nom d’une solidarité supposée entre « croyants », ils choisissent les seconds et se contentent de dire qu’il ne faut pas se moquer des convictions religieuses, ils tendront toujours, consciemment ou non, à justifier les égorgeurs. Il faut être bien naïf pour croire que le projet islamiste n’a pas mille autres raisons de tenter de s’implanter en France que le prétexte des caricatures de Mahomet! La lute contre les anciens croisés – dont on peinerait à trouver des descendants en armure dans l’actualité immédiate – fait aussi bien l’affaire.
Les catholiques ne sont pas des athées, disions-nous. Ils peuvent donc blasphémer. On ne citera jamais assez la Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, le texte de Charb devenu testamentaire, dont la mise en scène fut annulée en 2007 dans l’université de Lille (avec les effets d’apaisement que l’on constate). Charb y dit ceci: « Un croyant peut blasphémer dans la mesure où blasphémer a un sens pour lui. Un non-croyant, malgré tous ses efforts, ne peut pas blasphémer. […] Pour insulter ou outrager Dieu, il faut être persuadé qu’il existe ». Oui, les catholiques peuvent blasphémer, car ils jugent vital de se tourner vers Dieu, de Lui parler, parfois de Lui crier leur révolte. Les psaumes en offrent même quelques exemples percutants.
Vous souhaitez lire la suite ?
Débloquez tous les articles de l’Incorrect immédiatement !